Avant de quitter Reykjavik, nous décidons d’aller faire un tour du côté du volcan qui fait beaucoup parler de lui depuis quelques mois. D’après Hlynur, la ville de Grindavik est définitivement condamnée et la poussée magmatique s’intensifie au point qu’ils s’attendent à une nouvelle éruption dans les prochains jours.
On traverse la muraille réalisée à la hâte pour protéger le centre géo-thermique et le Blue Lagoon.
La route n’est ouverte que jusqu’au Blue Lagoon (Bláa Lónið) et traverse le champ de lave refroidie.
Bains d’eau chaude contenant algues, silice et sels minéraux aux effets bienfaisants et onéreux
Nous partons ensuite vers le Nord, au Þingvellir Park. C’est ici que les Chefs de clans Vikings se réunissaient dès le Xème siècle pour régler des conflits et édicter des lois. Ils avaient inventé le 1er Parlement d’Europe (Altþing).
Ces sessions se tenaient dans un champ de lave protégé par 2 grandes falaises. Sans le savoir, ils étaient à cheval entre la plaque tectonique nord-américaine et la plaque eurasienne (Almannagjá).
Symboliquement c’est ici aussi que fut proclamée l’indépendance du pays le 17 juin 1944.
Capitale qui concentre 2/3 de la population du pays.
Le camping n’est qu’à quelques km du centre, donc nous nous y rendons à pied sous un ciel gris mais sec.
Nous longeons le front de mer parsemé de sculpture dont le très inoxydable « Voyageur du Soleil ».
Nous avons d’un côté les montagnes, de l’autre les immeubles modernes comme le grand auditorium Harpa composé de plus de 10.000 vitres en nid d’abeille.
A hauteur du port, quelques jolies maisons colorées ou en bois dans un quartier piétonnier.
La rainbow street mène tout droit à la grande église en béton qui fait penser aux colonnes basaltiques. L’intérieur est particulièrement sobre.
Comme encas, on succombe au célèbre hot-dog (pyls), un vrai délice (vraiment)
« Mange comme un roi, vit comme un viking »
Mais c’est à midi qu’on teste la soupe islandaise servie dans un pain rond qui fait office de bol. Très chaud, épicé et roborative. Quentin a même mangé son bol…
La ville n’est pas très grande mais on tourne beaucoup dans toutes les rues et on commence a avoir quelques km dans les pieds. Un cappucino et un pain au chocolat (mais oui !) seront nécessaires pour effectuer le chemin retour vers le camping.
Il est 8h du matin quand nous arrivons à Geysir. Pas un chat à l’horizon.
C’est d’ici que vient le mot « geyser ». L’eau sous pression dans le conduit souterrain jaillit à la surface plus ou moins régulièrement et jusqu’à 25m de haut. Température : 80 à 100 degrés.
Mais le geyser Geysir s’est depuis longtemps assoupi et maintenant c’est Stokkur qui fait le show.
Stokkur, donc
Le cratère de Kerið a 6500 ans. On peut facilement en faire le tour ou descendre jusqu’au lac.
Aujourd’hui il a (pas) plu et en fin d’après-midi ça continue alors on décide d’aller directement se poser au camping de Reykyavik. Comme on y restera 2 nuits, on se met à l’aise et on installe la tente qui nous fait un espace protégé à l’arrière.
Le flanc extérieur des pneus arrière est complètement lisse malgré la barre anti-roulis que nous avions installée. Quentin inverse donc le sens des pneus sur les jantes et augmente la pression de 500gr. Ca fera les 3000 prochains km.
En fin de journée, Hlynur vient nous rendre visite avec sa magnifique 2cv « Belle ». Il est l’heureux propriétaire d’une des 19 deuches qui habitent l’île. La plus belle sans doute.
Nous quittons la route #1 pour partir vers le Nord. Le dangereux volcan Hekla se profile à l’horizon. Il est toujours actif et est déjà entré 20 fois en éruption entre 1104 et 2000, causant à chaque fois de gros dégâts.
Le macadam alterne avec de la piste noire parfois très ondulée et cabossée.
Petit arrêt à Keldur et ses maisonnettes couvertes de végétation .
En chemin on rencontre ces robustes chevaux islandais aux cheveux longs
Le spectacle est magnifique, le paysage change constamment. Ces grandes étendues nous rappellent la Patagonie, même espace, même vent.
La piste serpente entre les roches volcaniques, un vrai décor de fin du monde
La route 35 s’arrête à la cascade Gullfoss. Très impressionnante. Haute de 32m, elle débite entre 140m3 et jusqu’à 2000m3 à la seconde et se jette dans des gorges longues de 2,5 km.
Sur le parking de ce site très touristique, on s’amuse à comparer…
Si tu n’as pas connu la pluie, les bourrasques et le plafond nuageux au ras du crâne, tu n’as pas « fait » l’Islande disait mon tourdumondiste préféré. Voilà qui est fait. On a eu du crachin toute la journée et du vent à ne pas pouvoir tenir debout.
Une fois qu’on a assimilé le principe, on s’adapte et on fait avec.
D’autant que les paysages en sont transformés.
Nous roulons pendant plusieurs km dans une vaste étendue de sable et roches volcaniques.
Des montagnes apparaissent entre les nuages, les roches se couvrent de mousse et de rares plantes.
A Fjadrargljufur un viking a tranché à la hache ce canyon impressionnant
Un petit détour pour aller voir la fameuse « Yoda Cave » pour les amateurs de Star Wars. La pluie dégouline de partout à l’intérieur alors que s’y prépare une cérémonie de mariage. Mariage pluvieux, mariage heureux …
La pluie s’est renforcée et les essuie-glaces fonctionnent à plein régime quand tout à coup celui de gauche se retrouve sur le capot. Il a lâché l’affaire ! On le récupère in extremis et on le remet à sa place.Courage !
A Vik, on se balade sur la plage de sable noir
Ensuite on descend sur la plage de Reynisfjara, ultra ventée. Le rocher s’ouvre sur une grotte ornée de colonnes basaltiques. Endroit très touristique.
On n’est pas au bout de nos peines, il y a l’autre côté de la plage à visiter, Dyrholaey et sa belle arche.
La journée n’est pas finie, il y a encore cette épave d’avion échouée sur la plage. On s’arrête au parking et on commence à marcher sur la piste tracée dans le sable. Toujours ce vent mais pas de pluie. On avance la tête dans les épaules et le bonnet jusqu’aux yeux. Au bout de 30’ de marche je dis à Quentin : dis donc, elle semble drôlement longue cette plage…Quand on arrive à relever la tête pour vérifier où on en est, on ne voit que l’horizon.
Il aura fallu 45 minutes de lutte pour arriver à cette pauvre carcasse de DC 10 forcé à atterrir en 1953 et aujourd’hui martyrisé par les touristes qui s’amusent à grimper dessus et à le cannibaliser.
Après quelques photos, il faut refaire le chemin en sens inverse. Maintenant il pleut vraiment, le vent chasse la pluie sur notre flanc droit et nous encaissons même des minis grêlons.
On arrive trempés à l’auto – uniquement le côté droit donc – mais ce soir le chauffage va nous sécher tout ça en quelques heures.
Et pour finir cette journée épique, on s’installe au camping de Skóga au pied de la Skógafoss.
Nous longeons maintenant la côte vers le Sud, sur la route #1. Les fjords se succèdent et les petits villages sont rares. Nous apercevons quelques rennes et un renard arctique traverse la route juste devant nous.
Les neiges du glacier Vatnajökull commencent à apparaître. C’est le 2ème glacier le plus volumineux d’Europe. Il fait quasiment la taille de la Corse.
Plusieurs langues glaciaires descendent jusqu’à la route. La plus impressionnante est Jökulsarlon. Elle finit sa course en de multiples blocs de glace qui, tout en fondant, dérivent lentement et inexorablement vers la mer, viennent s’échouer sur la plage de sable noir et disparaisse dans l’océan. Nous y avons vu un phoque jouer entre les blocs.
Un peu plus loin vers le Sud, nous randonnons jusqu’au glacier Skaftafellsjökull qui se délite aussi, formant un grand lac, une rivière, la mer.
Le jour se lève vers 4h du matin mais la nuit n’est jamais totalement noire.
Il gèle la nuit et le matin, jusqu’à ce que le soleil réchauffe un peu l’atmosphère. On est donc vite prêts et il est 7h15 quand on quitte le camping.
On longe le lac Lögurinn, côté Nord pour arriver où démarre la randonnée qui mène à ces 2 cascades.
La plus petite, Litlanesfoss est entourée de belles colonnes de basalte.
Le sentier continue et bute sur un magnifique cirque où Hengifoss chute de 120m.
On peut apercevoir des strates rouges entre les zones noires.
Pour arriver au plus près, il faut traverser un ruisseau. L’eau n’est pas trop haute et on peut sauter de cailloux en rochers.
Pour rejoindre la côte, la route 95 nous semble plus sympa que la # 1. Au bout de quelques km, elle devient piste de gravillons mais le spectacle est fascinant.
Trop, beaucoup trop pour une première journée. Dès l’arrivée le long des côtes de l’Est le spectacle est époustouflant.
Nous sommes à quai à 9h, heure locale. La petite ville de Seydisfjordur est accueillante et son supermarché fournit l’essentiel. 2 cappucinos en terrasse et nous sommes en route.
Au bout de quelques km à peine, les paysages sont grandioses.
Aujourd’hui nous faisons un aller-retour jusqu’à Borgarfjardarhöfn, un peu plus au Nord.
La route est impeccable et à l’arrivée, le bonheur de pouvoir observer de très près les macareux, adorables créatures de moins de 30cm.
Il y a pas mal de vent mais le soleil chauffe bien. On ne dépasse quand même pas les 6°.
Le camping sauvage interdit en Islande, on s’installe au camping de Egilsstadir.
L’embarquement s’est fait assez rapidement. Pas trop d’attente et Quentin a pu attacher lui-même la deuche pour éviter qu’elle n’arrive toute vrillée.
Nous avons une petite cabine 2 couchettes, très simple, sans fenêtre. Mais bon, après nos 6 semaines en cargo, ce ne sont pas ces 4 jours qui vont nous effrayer.
On passe de pont en deck pour découvrir un resto, une cafétéria, un bar, une salle de jeux et cerise sur le gâteau , une salle de fitness. Le seul moyen d’y accéder, c’est par des escaliers qui descendent au pont le plus bas. Après la séance de sport, il y a la remontée vers la cabine. J’ai compté : 102 marches
Arrivés à l’heure prévue aux Iles Féroé, nous pouvons découvrir la petite ville de Torshavn et boire un café. Le ciel est bas et une petite bruine suinte des nuage gris. Il reste quelques maisons anciennes dont les toits sont couverts de végétation.
Certains passagers sont descendus pour y rester plusieurs jours, d’autres embarquent pour l’Islande et on peut repartir en passant au milieu des îles.
La traversée a été calme, un peu de roulis mais pas de mal de mer.
France , Belgique , Pays-Bas , Allemagne et enfin Danemark .
Plus de 2000km pour arriver à Hirtshals par les petites routes.
Comme d’habitude, notre étape belge nous a permis de faire les vidanges, changer le filtre à huile, régler les soupapes et resserrer tous les boulons.
Aux Pays-Bas, j’allais enfiler ma nuisette quand la police nous a délogés de notre bivouac et nous avons fini dans un camping à la ferme, entourés de biquettes.
C’est aussi le pays de Burton 2cv Parts, le magasin préféré de Quentin. Nous avons pu y changer le câble d’accélérateur qui s’effilochait et acheter un régulateur de tension en réserve.
Partis avec polaires et duvets qui ont bien servi les 2 premiers jours, nous avons frôlé les 30° en Allemagne. Sans shorts ni tongs, on surchauffe !
Heureusement le vent nous a bien aérés les jours suivants et nous avons eu du soleil jusqu’au bout.
Ptiket roule parfaitement et on se permet même parfois des tronçons d’autoroute. Sauf qu’un matin, la batterie est déchargée, sans doute à cause du frigo qui a tourné trop tard le soir. Nous avons pourtant un panneau mobile (70 watts) qu’on peut placer comme on veut en plus du panneau solaire sur le toit (90 watts). J’imagine déjà pousser dans la petite descente mais je n’y crois pas trop. Quentin sort alors sa manivelle customisée (munie d’une rallonge de racagnac et d’une douille qui utilise les ergots du ventilateur) et au 2ème essai, elle démarre.
Nous embarquons cet après-midi sur le MS Norröna qui nous déposera quelques heures aux îles Feroé et, après 3 nuits en mer, nous larguera à Seydisfjördur, Islande. D’ici là, silence radio car nous naviguerons dans les eaux internationales et les communications pourraient plomber notre budget.