Dempster Highway

Un peu avant Dawson City, nous obliquons vers la Dempster Highway, une piste de 734km jusqu’à Inuvik.

Ici le bidon de secours servira car entre la station du km 0 et Eagle Plains, il y a 370 km.

Nous sommes dans la toundra arctique, sur du permafrost. La piste ne voit pas passer beaucoup de monde mais doit résister au gel et dégel du sol. Elle est faite d’un mélange de terre, de cailloux et de chlorure de calcium, un liant qui évite qu’il y ait trop de poussière. Et en effet, ça roule pas mal, il y a quelques belles côtes quand même et comme il pleut par intermittences très régulières, parfois beaucoup de boue, ce qui repeint la voiture.

Quasiment à mi-distance, nous franchissons le Cercle Polaire Arctique, nous nous rapprochons du Pôle Nord 😉…

Ici, depuis le 21 juin, c’est 6 semaines sans que le soleil ne disparaisse à l’horizon. Il faut bien occulter les fenêtres pour garder notre rythme de sommeil.

Au matin du 3ème jour, nous quittons le Yukon pour entrer dans les NorthWest Territories.

Certaines portions de la piste servent de piste d’atterrissage d’urgence. Interdiction de s’arrêter…

On a failli écraser un Ptarmigan (poulette arctique) qui traversait sans regarder. Elle n’y a laissé que quelques plumes et une belle frayeur pour nous car les embardées sur cette piste glissante sont fortement déconseillées.

Oh, un Grizzli ! 

Oh, un Renard ! On le surprend en plein repas.

Nous devons prendre un bac pour traverser la Peel River et un autre sur la Mackensie River.

Après 3 jours de piste nous arrivons à Inuvik, au bout de la Demspter Highway. 

Cette ville est construite sur le permafrost c’est pourquoi il a fallu installer tout un réseau hors-sol de tuyaux faisant passer l’eau, le chauffage, les évacuations des habitations.

The « Igloo Church »

Au camping, il y a ceux qui y sont allés et ceux qui trépignent. Les avis sur l’état de la piste sont partagés, un motard n’aura pas eu la même impression qu’un Américain dans son gros 4×4 ou même qu’un cycliste (le pauvre !). Demain, c’est sûr, nous serons au bord de l’Océan Arctique!

Une douche, un poulet rôti et un soleil généreux qui ne descendra pas plus bas que l’horizon (et c’est comme ça 56 jours par an).

Whitehorse

Nous voilà donc sur l’Alaska Highway. Une route qui a été construite en 9 mois, juste après l’attaque de l’armée japonaise sur Pearl Harbour. Les Américains étaient persuadés que la menace viendrait par l’ouest et il fallait à tout prix pouvoir amener des forces militaires en Alaska.

Des km de sapins, des lacs, des rivières et pas la moindre maison entre 2 postes de ravitaillement. C’est sauvage…

Plus on s’approche du Pôle, plus les journées sont longues. On a essayé de rester éveillés jusqu’à ce qu’il fasse noir mais à chaque fois on s’endort sans savoir à quelle heure tombe la nuit. Le matin, idem, il fait déjà clair quand on ouvre un oeil vers 4h.

Whitehorse est la dernière ville où on peut vraiment s’approvisionner, communiquer, se doucher.

Direction plein nord sur la Klondike Highway, jalonnée de petits trading posts.

British Columbia – Yukon

Le soleil est revenu et le vent aussi. Ça va augmenter un peu notre consommation mais les points de fourniture de carburant ne sont pas espacés de plus de 200km pour l’instant. Nous n’utilisons pas encore le bidon de réserve. 

Nous avons fait d’incroyables rencontres ces derniers jours et toujours dans des endroits improbables. Des Brésiliens et un Canadien coincés dans un camping en attendant des pièces pour leurs motos, des Québécois qui connaissent un Suisse qui voyage en Acadiane, un jeune couple de Drômois qui voyagent à vélo, des bikers argentins et colombiens qui font le tour du monde (quel plaisir de les entendre parler), un jeune couple de Français qui pense s’installer au Canada.

Certains reviennent de Tuktoyaktuk et nous indiquent dans quel état est la route jusque là haut. Ça devrait le faire. Les autres, nous les recroiserons sûrement un jour ou l’autre.

Ah oui, un ours et un renard !

Au bout de la highway 37, c’est le Yukon, plus grand que nature !

Cassiar Highway

À Kitwanga, nous reprenons la direction du nord par la route 37. 

Plusieurs totems des « Native Nations » sont visibles dans les petits villages.

L’église de Kitwanga et son clocher déporté.

On profite d’un vrai camping pour faire la vidange de Pti Ket. Le temps tourne à la pluie.

2ème ours

Malgré la pluie, nous faisons un détour par Stewart et Hayder, petit bout d’Alaska. On passe donc la frontière dans les 2 sens dans l’après-midi. Nous espérions y voir des ours pêcher des saumons mais ils ne se sont pas montrés.

La pluie, le rdv raté, les montagnes dans le brouillard, nous sommes déçus et humides, on repart donc vers le nord.

Bear Glacier

Un ours par jour, nous en sommes à 3, uniquement des noirs, pas encore de grizzlis.

A ce stade du voyage, nous sommes à la même latitude que Ushuaia.  Mais ici la route continue, donc nous aussi.

Un mot encore à propos des moustiques. Ils sont moins nombreux que ce que l’on craignait, sortent surtout le soir et pour le petit déjeuner mais on arrive encore à les repousser. Pour l’instant nous appliquons des méthodes qui ont fait leurs preuves. 

Méthode 1, la bonne vieille spirale qui dégage aussi une odeur de lavande, comme à la maison

Méthode 2, l’enfumage. Un bon feu de bois, plus efficace avec du bois mouillé qui fume beaucoup. Parfume les vêtements « Senteur cochon grillé ». Sur la photo, Quentin porte une chemise collection « longues manches » de chez Walmart.

Méthode 3, la moustiquaire aux portes arrière et on les regarde essayer de rentrer

Et si tout ça ne suffit, on ferme les portes et on sort la tapette….

Highway 16

Nous trouvons facilement des chouettes bivouacs, souvent au bord d’un lac, dont un grouille de têtards. 

A Smithers, nous pouvons nous réapprovisionner et prendre une douche. Un peu au nord de la ville, une randonnée devrait nous mener au pied d’un glacier. Il fait gris mais on garde espoir.

L’ascension est raide, le minuscule sentier est détrempé, envahi par les plantes dont des framboisiers que l’on partage visiblement avec un animal qui connait les bons coins.  

La vue sur les cascades et la vallée est bien dégagée. On doit passer de plus en plus d’éboulis, la pente s’accentue et le glacier a tellement reculé qu’on ne le verra que de très loin. La descente sera périlleuse à cause des pierres mouillées, des cailloux qui roulent, de la boue. 

Dans la rivière qui longe la route, les saumons sont arrivés et les pêcheurs les attrapent à l’épuisette. 

Notre premier ours

On est partagé entre l’envie de lui faire une gratouille et les consignes strictes pour éviter tout contact trop rapproché. On reste donc gentiment dans la voiture.

Barkerville

En 1858, le monde entier apprend qu’on a trouvé de l’or dans la Fraser River. La ruée vers l’or commence alors et les prospecteurs remontent le fleuve jusque dans la région Cariboo. 

Pour les loger, les nourrir et les divertir, on construit des villes entières comme Barkerville.

En 34 ans, la quantité d’or extraite dans la région équivaut à 13 milliards de dollars canadiens d’aujourd’hui.

Mais au fil des années les filons s’appauvrissent et beaucoup de mineurs sont partis vers des terres plus prospères. Barkerville continua malgré tout à prospérer jusque dans les années 1930.

En 1958, la Colombie Britannique décida d’en faire un site historique.

Aujourd’hui, grâce aux maisons rénovées ou reconstituées sur base de photos de l’époque, on peut y voir la façon dont vivaient les habitants.

Il y a même un quartier chinois avec son école et ses commerces. Ces Chinois, venus par milliers du sud de la Chine pour trouver de l’or et à qui un hommage particulier est rendu en raison des discriminations qu’ils subissaient à l’époque.

Sea to Sky Highway

Nous quittons Vancouver par le Lions Gate.

En été, les remontées mécaniques de Whistler, la station de ski renommée, transportent les vélos de descente à la place des skis.

Les lacs aux eaux émeraude se succèdent, entourés de montagnes couvertes de pins.

Nous arrivons à Lillooet, jolie petite ville. Nous y restons 2h car les habitants veulent discuter et nous indiquent des endroits à ne pas manquer. 

Lillooet est connue pour sa richesse en jade, surtout appréciée par les mineurs chinois qui au 19ème siècle préféraient cette pierre précieuse à l’or qu’ils étaient venus chercher car ils pensaient qu’elle avait une âme et pouvait leur apporter chance et bonheur.

On en trouve encore régulièrement dans la Fraser River, signe que le filon n’est pas tout à fait tari.

Mais Lillooet c’est aussi le Mile 0 de la Cariboo Road, une des routes de la ruée vers l’or. Le long de la highway 97, les petites villes portent le nom de 70 Mile House, 100 Mile House, 150 Mile House…

C’est à 100 Mile House que nous faisons la connaissance de Jean-Marc et Donna, heureux propriétaires de Mimosa, la 2cv jaune et de 13 magnifiques vaches écossaises. Dans leur jardin, les biches passent tranquillement et les marmottes jouent à cache-cache. 

Grace à eux nous rencontrerons également Patrick, Ruth et Titine ainsi que Francis et Nicole qui, en authentique Bruxelloise, nous a préparé de succulentes gaufres de Liège. 

Quel incroyable week-end.

Ps. N’oubliez pas de cliquer sur les photos pour les voir en entier.

Pti Ket to Ride « Light »

Voilà, nous repartons vers le Grand Nord. 

Nous allons tester une version allégée de Pti Ket. La remorque, complètement nettoyée, reste à Vancouver et on charge le toit avec une malle qui contient huile et graisse, un bidon de 10l d’essence en réserve, les plaques et pelle à neige, une roue de rechange.

Nous revenons à Vancouver dans 1,5 mois et si tout s’est bien passé nous abandonnerons définitivement la remorque.

Nous sommes aussi équipés pour faire face aux ours (spray au poivre et klaxon façon hooligan) et aux moustiques.

We will be back, Vancouver !

Vancouver – épisode 2

Quasiment remonté, on délaisse un peu  Ptiket pour aller faire un tour en montagne. Une petite randonnée de 16km, 700m de dénivelé dans le parc Garibaldi à Squamish.

Il fait un peu brumeux et on ne peut pas profiter pleinement de la vue sur les montagnes mais Frank nous fait des petites diversions dont il a le secret et on crapahute dans les bruyères pour aller pique-niquer au milieu d’une colonie de mouchettes. La pluie écourte la pause et on redescend pour finir autour d’un café mocha ou latte à Squamish. 

Le soir nous planchons sur les cartes du Yukon et de l’Alaska pour définir notre trajet vers le Cercle Polaire Arctique. On a encore pas mal de route et plein de choses à découvrir.

Je commence aussi à contacter des transporteurs pour rapatrier Ptiket dans 4 mois.

Le lendemain c’est le 14 juillet et la communauté française de Vancouver fête le Bastille Day, avec entre autre une expo de vieilles voitures françaises. Nous y étions conviés et nous avons pris la pause avec le Consul Général de France !

Vancouver


Ça fait déjà une semaine que nous sommes à Vancouver et nous n’avons pas vu le temps passer. Nous logeons dans la jolie petite maison de mon frère Frank et Sylvia. Leurs amis Mary & Lang nous prêtent leur appartement qui est juste au-dessus. Quel luxe !
A peine arrivés, Frank nous passe un de ses vélos et nous emmène faire le tour de Vancouver … 51 km … quasiment entièrement sur piste cyclable. Mais ça doit faire 4 ans qu’on n’est plus remontés sur un vélo et j’ai les ischions qui me transpercent les fesses et les cuisses qui surchauffent.


Le lendemain Quentin attaque la vidange et la remise en état de Ptiket dans le studio d’entraînement de Frank. Le ventilateur de refroidissement a perdu 2 pales et les tubes de la culasse droite sont morts. Heureusement ici aussi nous avons un fournisseur de pièces, Lionel Hondier de “2cv pour toujours”. Il nous procure une culasse d’occasion et un ventilateur neuf.

Remplacement du moteur des essuie-glaces qui a grillé bien qu’on l’ait très peu utilisé.


Pendant que Quentin désosse la deuche, je me charge de l’intérieur, des lessives dont les housses des coussins qui en ont bien besoin.


Vancouver est une chouette ville, agréable à parcourir, qui valorise le sport, on y mange bon et sain et le climat est idéal en ce moment. On va rester encore quelques jours.