Nous sommes au regret de vous annoncer le décès de notre quatrième pompe à essence, la deuxième électrique, après 3600km. Le sinistre a eu lieu quelque part sur la Ruta 5 entre Uyuni et Potosi. Il y a vraiment quelque chose de pourri dans le monde des pièces détachées sud-américaines. Une pompe est morte, une autre pompe est installée.
A part ça la route est magnifique. On passe de 3500m à 4000m et inversement une bonne dizaine de fois. Du désert, des vallées fertiles couvertes de cultures de quinoa, du sable blanc, des lamas et alpagas en pagaille.
Salta, véritable camp de base des voyageurs, venant du sud ou du nord. Nous retrouvons au camping quelques overlanders avec qui nous pouvons échanger et passer un bon moment… avant d’attaquer un nouvel entretien complet de Ptiket (20.000km) : vidange moteur et boîte, filtre à huile et à air, graissage, retour à l’allumage électronique, remplacement des roulements de la roue droite de la remorque qui étaient complètement rongés par la rouille.
Et surtout, changement des gicleurs du carburateur et de la pompe du chauffage. En effet, demain nous prenons la route vers le Chili et nous devons passer un col à 4.200m.
La température a chuté de 10 bons degrés et la visite de la ville est bien plus agréable. Le Museo de Arqueologia de Alta Montaña est extraordinaire car il expose 3 corps d’enfants retrouvés en 1999 en parfait état de conservation, tout en haut du volcan Llullaillaco, à 6.700m d’altitude . C’est actuellement le site archéologique le plus haut du monde. Les enfants étaient sacrifiés aux dieux, selon les rites incas. Autour d’eux, des centaines d’objets confectionnés dans des matériaux provenant des différentes régions pour sceller les liens entre les tribus de l’empire Inca.
On prend une grande bouffée d’oxygène et on croise les doigts pour que nous tenions le coup tous les 3.
A peine arrivés à San Juan, nous sommes pris en charge par Andres et Diego qui nous offre un logement pour une nuit.
Le soir, nous rencontrons plusieurs membres du club autour d’un bbq et de « ponchos ». Ambiance technique, on s’amuse à comparer les différences entre les deuches françaises et argentines. L’accueil est extraordinairement chaleureux et généreux. Faut juste qu’on s’habitue à dîner à minuit…
Le lendemain, Andres nous accueille chez lui et sa maman qui est une source inépuisable d’informations sur le pays. Nous roulons jusqu’à 2 grands barrages qui permettent de fournir l’eau à la ville mais aussi à la mine d’or et d’argent.
Nous passons à la gomeria pour inverser les pneus arrière.
Le soir, ce sera San Juan by night. La ville, construite à l’époque essentiellement en adobe a été complètement détruite en 44 à cause d’un tremblement de terre et aujourd’hui elle se veut moderne et progressiste.
Avant de partir, Andres nous assure une place privilégiée dans le coeur du club qui continuera à voyager avec nous.
Mendoza nous laisse des souvenirs mitigés. Côté négatif, la pompe électrique a rendu l’âme au bout de seulement 2000km. Après plusieurs arrêts techniques, on finit en pleine ville, le soir, dans une petite station, morts de chaud. Le changement climatique est un peu brutal et n’arrange pas notre humeur. De plus, la ville n’a pas très bonne réputation. Nous passons la nuit dans cette station, à côté des groupes électrogènes. Le côté négatif s’arrête là, car à la station service, Charly qui était en train de faire le plein, nous dit qu’il reviendra demain nous conduire chez un marchand de pièces. Tard dans la soirée, les parents de Charly viennent nous voir avec leur vieille 2cv et on discutera un moment.
Le lendemain, dimanche, Quentin part avec lui et ils reviennent une heure plus tard avec tout le matériel qu’on s’empresse d’installer même en plein soleil et sous 40 degrés.
A midi on peut enfin s’enfuir et c’est avec plaisir que je donne à Charly, la bouteille de vin achetée la veille dans une bodega après une bonne dégustation. Merci Charly !!
En quittant Malargüe, nous avons une vue imprenable sur la Cordillère. Nous y serons dans quelques jours.
A l’approche de San Rafael, nous apercevons les premières vignes, bodegas et des champs d’oliviers. On dépasse les 20 degrés et les soirées sont plus agréables mais je garde encore mon duvet pour la nuit.
17.000 km, il faut s’occuper de faire un bon entretien de l’auto et surtout changer les amortisseurs avant qui flanchent. La ville de San Rafael est suffisamment grande pour qu’on ait une chance d’en trouver et nous croisons pas mal de deuches (bien pourries…).
Nous avons passé tout une matinée d’une boutique à une autre. Le problème c’est que nous avons besoin d’amortisseurs avec des silent blocks pour des gougeons de 14mm. Or en Argentine, les camionnettes Amy 6 ou 2cv sont toutes montées en 12mm.Le dernier espoir serait un magasin spécialisé dans les anciennes Citroen avec une deuche dessinée sur la devanture. La dame fait tout ce qu’elle peut pour nous aider, trouver une solution et contacter des amis mais au bout d’une heure trente on repart sans rien.
On reprend la route et je trouve un camping dans la petite ville de Villa San Carlos, tenu par un motard voyageur.
Je me dis qu’il ne verra pas d’inconvénient à ce qu’on déballe la deuche pour faire l’entretien.
La maison est entourée d’un beau jardin bordé de rosiers et de grands pins font de l’ombre. On lui dit d’entrée nos intentions, pas de problème, il nous installe sous un grand auvent. On lui raconte nos problèmes d’amortisseurs et propose d’emmener Quentin chez un marchand de pièces détachées.Ils reviennent, oh milagro !, avec 2 amortisseurs Monroe de Renault 12.
Il a quand même fallu retirer des extrémités de l’amorto mort, les parties centrales métalliques pour les installer dans le nouveau et ce, grâce au super petit atelier de notre hôte, avec étau, disqueuse et meule. Pour l’instant on ne change que l’amortisseur avant gauche, le droit étant encore opérationnel.
Ensuite, vidange moteur et boîte, changement de bougie, filtre à huile, tension de la courroie d’alternateur, resserrage de quelques boulons dont un qui tient la boîte de vitesse au moteur. Pour compléter le dernier bidon de Black Gold, on a utilisé un huile de synthèse locale améliorée avec de l’additif Marly SX.
Tout ça à l’ombre, 20 degrés, sans poussière et au calme. Un vrai plaisir !
J’en ai profité pour vider la remorque et essayer de lui redonner un air un peu plus présentable et recentrer les charges. Mais la poussière, la pluie et les bidons d’essence qui suintent quand il fait trop chaud, ….no comment….
Quentin change aussi les gicleurs, diminuant leur valeur de 10% car demain nous partons vers le Chili pour passer mardi le col des Libertadores, 3840m.
3 jours sur cette route mythique mais très usante pour PtiKet.
Après une halte à Puerto Rio Tranquilo, nous traversons des paysages alpins, des grands pâturages verts avec des vaches rousses, blanches et noires, des sapins.
Puis nous roulons quasiment dans le lit du Rio, entre les montagnes.
La piste en elle-même n’est pas trop mauvaise et ondule gentiment mais elle est aussi remplie de nids de poule.
Pour y remédier les Chiliens engagent des travaux colossaux de réfection mais nous obligent de fait à rouler sur des tas de cailloux (pas des graviers, du ballast).
Une partie de cette portion, un peu avant Villa Cerro Castillo a même été fermée de 13h à 17h. A cause de l’état de la route, nous sommes arrivés à 13h10 et le gardien ne nous a pas laissés passer. Attention, tirs de mines…
On n’a plus qu’à attendre, heureusement on est chez nous et on peut manger et se faire une tasse de café. A 17h on repart mais re-belote 2km plus loin. On doit attendre 15´.
5km plus loin, re-re-belote et ainsi de suite jusqu’à Villa Cerro Castillo où nous n’avons plus qu’à passer la nuit vu l’heure tardive.
Le lendemain, c’est sur du velours (du béton) que nous roulons jusqu’à Balmaceda et que nous sortons du Chili. Mais au km suivant, c’est l’entrée en Argentine et nous voilà repartis pour 120 km de ripio qui aura la peau du pneu droit de la remorque juste à l’entrée de Rio Mayo.
Nous sommes partis d’El Calafate après avoir consciencieusement graissé les pivots de la deuche.
Au bout de 80km à lutter contre le vent, Pti Ket se remet à crachoter. Nous nous arrêtons près d’une maison de chantier et Quentin commence à démonter le carbu, jusqu’à la pompe à essence. On commence à avoir l’habitude. Il retire le joint papier et ne laisse que l’entretoise pour profiter de toute l’amplitude de la tige de commande. Donc plus de pression pour décoller les crasses qui arrivent au robinet pointeau et qui le bloquent. 1h plus tard, les pieds et doigts gelés on repart avec 3cm de boue sous les semelles. On s’arrête un peu plus loin pour tout gratter.
Arrivés aux environs de Tres Lagos, nous nous arrêtons dans une petite station service isolée où nous pouvons faire le plein et rester dormir.
Le lendemain, nous repartons pour El Chaltén. Il bruine, puis il neige, puis il y a du soleil.Les montagnes enneigées se profilent au loin. Nous longeons le Lago Argentino aux eaux turquoises.
Et nous entrons dans le Parc National des Glaciers.
La ville d’El Chalten est coincée entre les montagnes, le Rio Las Vueltas et le Rio Fitz Roy. En Tehuelche, son nom signifie « montagne enfumée ».
LA station d’essence d’El Chaltén
Pour nous mettre en jambe, nous faisons la petite randonnée qui mène au Salto Chorillo.
Le ciel se dégage de plus en plus et quand nous revenons en ville, en tournant la tête, nous pouvons admirer la chaîne de montagnes dont le Fitz Roy et le Cerro Torre, les plus majestueux.
De notre bivouac à l’entrée de la ville nous pouvons les regarder jusqu’à la nuit tombée. Demain, nous montons au mirador pour essayer de les voir de plus près.
Avant de quitter Ushuaia, Quentin recherche l’origine d’un bruit suspect venant d’en-dessous du plancher avant gauche.
Il ne faudrait pas que ce soit le roulement Timken du bras de suspension. Après vérification, il n’est pas en cause, ni l’amortisseur. Il semblerait que ce soit simplement la fixation du pot de suspension qui a un petit peu de jeu et un tour de clé plate 54 règle le problème.
Notre première bouteille de Marly (additif essence) est vide, nous en sortons une neuve de la réserve. Dommage qu’on ne puisse pas mettre une bouteille de Malbec à la place…
Le seul choix qui nous reste à ce point du voyage, c’est de remonter vers le nord. Direction le Chili.
Nous devons refaire une partie de la route mais aujourd’hui le soleil nous permet de voir les montagnes qui étaient dans le brouillard à notre arrivée.
La journée est déjà bien avancée et on décide de s’arrêter le long du Lago Fagnano, juste après la Laguna del Indio. Il fait beau, pas trop froid, pas de vent, le soleil se couche.
Vu les conditions venteuses que nous faisons subir à PtiKet, Quentin décide d’avancer le gros entretien et nous profitons du camping de Rada Tilly pour le faire. Pour la première fois, outre les douches chaudes, les sanitaires sont chauffés ! Nous sommes toujours seuls et les horaires d’ouverture des douches ne s’appliquent pas pour nous.
Vidanges (moteur et boîte) donc, graissage, nettoyage filtres (air/huile), et remplacement d’un soufflet de cardan qui avait mauvaise mine.
A ce jour, sur le continent américain, nous avons parcouru 7496 km, roulé 140h, en 46 jours.. et aucune crevaison.
La Ruta 3, longe un moment la côte et nous passons entre d’immenses dunes.
C’est dans cette région qu’en 1907, des ouvriers ont mis au jour un gisement de pétrole. Les éleveurs de moutons ont rapidement arrêté de produire de la laine pour creuser des puits et installer des pompes sur leurs terrains. Quelques éoliennes sont en cours d’installation mais juste pour la forme….
Nous quittons la région du Chubut pour entrer dans celle de Santa Cruz. Ce qui implique un contrôle de gendarmerie. Papiers s’il vous plait. Après vérification sur son ordinateur, le gendarme revient et nous demande quel est le plus bel endroit qu’on ait visité jusqu’à présent. Euh, Valdes ?
Il nous repose la question, comme si on n’avait pas compris. Euh, la Patagonie en général ? Désabusé,il espérait qu’on lui réponde Iguazú d’où il est originaire… si maintenant il faut qu’on devine les origines des représentants de l’ordre pour ne pas faire d’impair….c’est pas gagné !
Il ne nous en veut pas et nous laisse repartir en nous souhaitant bon voyage.
La végétation est réduite à quelques touffes d’herbe jaunie. Nada, rien, ketchi…mais qu’est ce que c’est beau !
changer les roulements de l’autre roue de la remorque
se régaler d’un bon steack au restaurant Malon
faire un aller/retour à Punta Loma pour voir une colonie de lions de mer où les jeunes otaries crient comme des chèvres sous le regard indifférent des cormorans de Magellan accrochés à leur falaise.
visiter le joli petit musée Ecocentro dans l’ancien phare, tout concernant les baleines et autres animaux marins. Tout en haut du phare a été aménagé un salon avec de grandes baies vitrées et de confortables canapés qui font face à la mer pour admirer les baleines
flâner dans les rues et sur la costanera
Laverie, recharge de gaz, douches
L’endroit où se trouve actuellement Puerto Madryn était à l’origine habité par les Tehuelches. Vers 1860, 28 Gallois ont débarqué à la pointe nord et ont apparemment cohabité en bonne entente avec les autochtones. De ces 28 Gallois est née toute une communauté qui s’est étendue sur plusieurs km et dont on trouve aujourd’hui les descendants dans des villes comme Rawson, Trelew, Gaiman où nous allons demain.