Ça carbure plus …

En rejoignant les environs de Quito, on s’arrête dans une boutique pour acheter de l’huile moteur pour une nouvelle vidange. La charmante Maria nous fournit un bidon de 4l mais au moment de repartir, la batterie ne veut plus rien savoir. Maria, avec l’aide de son employé vénézuélien, sort son chargeur et branche PtiKet. Pendant que ça charge, on discute des délires des hommes d’état du continent et on se dit que le nôtre n’est pas si mauvais. 30’ plus tard, on peut repartir, muchas gracias, hasta luego ! 

Nous arrivons chez Arie où on va sans doute passer plusieurs jours. Nous sommes vendredi, Ivan, qui aurait un carbu à nous fournir, revient de vacances dimanche. 

En attendant, Quentin procède à l’entretien complet de PtiKet, jusqu’aux excentriques de freins arrière.

Dimanche soir tard, Ivan est bien rentré. Quentin a passé la journée à nettoyer notre carbu, à ébarber l’aluminium des venturis, à vérifier tous les passages d’air et à adapter au mieux cette vis de ralenti de cox qu’on avait trouvée au Pérou. 

Lundi matin, Ivan nous confirme qu’il vient au camping avec le carbu. En attendant, on compte nos piqûres de moustiques sur les jambes. Quentin a gagné, il en a 25.

Fin d’après-midi on a le fameux carbu en main. La première impression n’est pas terrible mais on tente quand même de l’installer. Pas mieux que le nôtre. Ivan va en chercher un deuxième chez un copain, même résultat. Entretemps la nuit est tombée, on a sorti les frontales, il commence à pleuvoir, on remballe tout et on va manger un poulet/frites/riz ensemble. 

Mardi matin, Arie notre hôte, nous apprend qu’un pilote de ligne part des Pays-Bas dans quelques jours pour venir faire un trek ici. On lui demande si il serait d’accord de nous amener un carbu. Il répond ok sans hésiter. Notre ange gardien à Lyon qui avait déjà récupéré un bon carbu le lui envoie en express et si tout se passe bien nous le récupérons le 28 janvier. A suivre …

Pour ceux qui aiment les détails techniques, allez voir le FB de Quentin « Pti-Ket Toride »…

San Pedro de Atacama

Petite ville bohème, très touristique, à 2500m d’altitude, une oasis dans cette immensité désertique. Quelques ruelles en adobe autour d’une place principale ombragée et d’un jolie église.

            

Le camping a un peu d’ombre et on décide de remplacer les pneus (très)usés des roues de secours par des pneus neufs. On s’allège donc ainsi de 2 pneus du toit. Il nous en reste 6 neufs dont 2 sur jante.

Salta

Salta, véritable camp de base des voyageurs, venant du sud ou du nord. Nous retrouvons au camping quelques overlanders avec qui nous pouvons échanger et passer un bon moment… avant d’attaquer un nouvel entretien complet de Ptiket (20.000km) : vidange moteur et boîte, filtre à huile et à air, graissage, retour à l’allumage électronique, remplacement des roulements de la roue droite de la remorque qui étaient complètement rongés par la rouille.

Et surtout, changement des gicleurs du carburateur et de la pompe du chauffage. En effet, demain nous prenons la route vers le Chili et nous devons passer un col à 4.200m.

  

La température a chuté de 10 bons degrés et la visite de la ville est bien plus agréable. Le Museo de Arqueologia de Alta Montaña est extraordinaire car il expose 3 corps d’enfants retrouvés en 1999 en parfait état de conservation, tout en haut du volcan Llullaillaco, à 6.700m d’altitude . C’est actuellement le site archéologique le plus haut du monde. Les enfants étaient sacrifiés aux dieux, selon les rites incas. Autour d’eux, des centaines d’objets confectionnés dans des matériaux provenant des différentes régions pour sceller les liens entre les tribus de l’empire Inca.

                

On prend une grande bouffée d’oxygène et on croise les doigts pour que nous tenions le coup tous les 3.

Grand entretien

En quittant Malargüe, nous avons une vue imprenable sur la Cordillère. Nous y serons dans quelques jours.

A l’approche de San Rafael, nous apercevons les premières vignes, bodegas et des champs d’oliviers. On dépasse les 20 degrés et les soirées sont plus agréables mais je garde encore mon duvet pour la nuit.

17.000 km, il faut s’occuper de faire un bon entretien de l’auto et surtout changer les amortisseurs avant qui flanchent. La ville de San Rafael est suffisamment grande pour qu’on ait une chance d’en trouver et nous croisons pas mal de deuches (bien pourries…).

Nous avons passé tout une matinée d’une boutique à une autre. Le problème c’est que nous avons besoin d’amortisseurs avec des silent blocks pour des gougeons de 14mm. Or en Argentine, les camionnettes Amy 6 ou 2cv sont toutes montées en 12mm.  Le dernier espoir serait un magasin spécialisé dans les anciennes Citroen avec une deuche dessinée sur la devanture. La dame fait tout ce qu’elle peut pour nous aider, trouver une solution et contacter des amis mais au bout d’une heure trente on repart sans rien.

 

On reprend la route et je trouve un camping dans la petite ville de Villa San Carlos, tenu par un motard voyageur.

 

Je me dis qu’il ne verra pas d’inconvénient à ce qu’on déballe la deuche pour faire l’entretien.

La maison est entourée d’un beau jardin bordé de rosiers et de grands pins font de l’ombre. On lui dit d’entrée nos intentions, pas de problème, il nous installe sous un grand auvent. On lui raconte nos problèmes d’amortisseurs et propose d’emmener Quentin chez un marchand de pièces détachées.  Ils reviennent, oh milagro !, avec 2 amortisseurs Monroe de Renault 12. 

Il a quand même fallu retirer des extrémités de l’amorto mort, les parties centrales métalliques pour les installer dans le nouveau et ce, grâce au super petit atelier de notre hôte, avec étau, disqueuse et meule. Pour l’instant on ne change que l’amortisseur avant gauche, le droit étant encore opérationnel.

    

Ensuite, vidange moteur et boîte, changement de bougie, filtre à huile, tension de la courroie d’alternateur, resserrage de quelques boulons dont un qui tient la boîte de vitesse au moteur. Pour compléter le dernier bidon de Black Gold, on a utilisé un huile de synthèse locale améliorée avec de l’additif Marly SX.

Tout ça à l’ombre, 20 degrés, sans poussière et au calme. Un vrai plaisir !

J’en ai profité pour vider la remorque et essayer de lui redonner un air un peu plus présentable et recentrer les charges. Mais la poussière, la pluie et les bidons d’essence qui suintent quand il fait trop chaud, ….no comment….

Quentin change aussi les gicleurs, diminuant leur valeur de 10% car demain nous partons vers le Chili pour passer mardi le col des Libertadores, 3840m.

La Cueva de Las Manos

Pour nous remettre des frayeurs pour arriver jusqu’ici (voir article précédent), nous nous installons pour bivouaquer sur un plateau où à une époque il y a eu une petite piste d’atterrissage mais il n’en reste que le mat de la manche à air. Nous sommes sur le plateau au sommet du Canyon du Rio Las Pinturas, au bord de la falaise. Seuls au monde. 

Le lendemain nous n’avons plus que quelques km à faire pour arriver à la cabane des gardiens et c’est obligatoirement avec un guide que nous partons voir les peintures rupestres.

Classé au Patrimoine de l’Unesco ce site se trouve à flanc de falaise du canyon. Environ 2000 peintures rupestres datant, pour les plus anciennes de 9000 ans. Des mains en négatif (aucune en positif), des scènes de chasse de guanacos, des peludos, des pattes de nandous et de pumas, des lézards. Plus récentes, des formes géométriques. Tous les membres des familles ont apposé leur main, avec des pigments rouges, noirs, blancs et même verts. Les peintures sont toutes à l’extérieur mais dans un état de conservation incroyable grâce apparemment à un air très sec. Les populations d’éleveurs connaissaient leur existence depuis toujours mais ce n’est qu’en 1941 qu’un scientifique en a fait les premières photos. La guide parle anglais et comme nous ne sommes que 4 (avec un couple d’allemands), nous pouvons bien discuter.

          

Nous reprenons ensuite la route jusqu’à Perito Moreno, petite ville pluvieuse où nous resterons deux nuits pour cause de vidange et de lessive, avant d’attaquer la Carretera Austral par Chile Chico.

   

Dernier bidon de BlackGold. Après on passe à l’additif SX.

Ushuaia – Départ

Avant de quitter Ushuaia, Quentin recherche l’origine d’un bruit suspect venant d’en-dessous du plancher avant gauche.

Il ne faudrait pas que ce soit le roulement Timken du bras de suspension. Après vérification, il n’est pas en cause, ni l’amortisseur. Il semblerait que ce soit simplement la fixation du pot de suspension qui a un petit peu de jeu et un tour de clé plate 54 règle le problème. 

Notre première bouteille de Marly (additif essence) est vide, nous en sortons une neuve de la réserve. Dommage qu’on ne puisse pas mettre une bouteille de Malbec à la place…

Le seul choix qui nous reste à ce point du voyage, c’est de remonter vers le nord. Direction le Chili.

Nous devons refaire une partie de la route mais aujourd’hui le soleil nous permet de voir les montagnes qui étaient dans le brouillard à notre arrivée.

    

La journée est déjà bien avancée et on décide de s’arrêter le long du Lago Fagnano, juste après la Laguna del Indio. Il fait beau, pas trop froid, pas de vent, le soleil se couche.

  

Patagonia. Chubut -> Santa Cruz

Vu les conditions venteuses que nous faisons subir à PtiKet, Quentin décide d’avancer le gros entretien et nous profitons du camping de Rada Tilly pour le faire. Pour la première fois, outre les douches chaudes, les sanitaires sont chauffés ! Nous sommes toujours seuls et les horaires d’ouverture des douches ne s’appliquent pas pour nous.

  

Vidanges (moteur et boîte) donc, graissage, nettoyage filtres (air/huile), et remplacement d’un soufflet de cardan qui avait mauvaise mine.

  

A ce jour, sur le continent américain, nous avons parcouru 7496 km, roulé 140h, en 46 jours.. et aucune crevaison. 

La Ruta 3, longe un moment la côte et nous passons entre d’immenses dunes. 

C’est dans cette région qu’en 1907, des ouvriers ont mis au jour un gisement de pétrole. Les éleveurs de moutons ont rapidement arrêté de produire de la laine pour creuser des puits et installer des pompes sur leurs terrains. Quelques éoliennes sont en cours d’installation mais juste pour la forme….

  

Nous quittons la région du Chubut pour entrer dans celle de Santa Cruz. Ce qui implique un contrôle de gendarmerie. Papiers s’il vous plait. Après vérification sur son ordinateur, le gendarme revient et nous demande quel est le plus bel endroit qu’on ait visité jusqu’à présent. Euh, Valdes ?

Il nous repose la question, comme si on n’avait pas compris. Euh, la Patagonie en général ? Désabusé,  il espérait qu’on lui réponde Iguazú d’où il est originaire… si maintenant il faut qu’on devine les origines des représentants de l’ordre pour ne pas faire d’impair….c’est pas gagné !

Il ne nous en veut pas et nous laisse repartir en nous souhaitant bon voyage.

La végétation est réduite à quelques touffes d’herbe jaunie. Nada, rien, ketchi…mais qu’est ce que c’est beau !

    

Péninsule Valdés – Playa Villarino

Nous avons constaté depuis quelques jours que le pneu arrière droit commence à fortement s’user côté extérieur (la faute au vent…). Quentin décide donc ce matin de retirer la roue et d’inverser le pneu sur la jante. Il s’installe sur le parking de la station service de Puerto Piramides pour pouvoir utiliser leur compresseur et ne pas devoir mettre une chambre à air. Il profite que la voiture est soulevée pour graisser les pivots de direction des 2 côtés. Tant qu’à avoir les mains sales, il retire aussi la came de la pompe de reprise du carbu, celle-ci, n’étant plus sollicitée, on devrait consommer un peu moins. Actuellement nous avons une moyenne de 6,6l/100 mais avec des pointes à 7,4l.  

Il est 10h30 quand nous prenons la route vers la sortie de la Péninsule.

Mais pas question de quitter cet endroit sans aller passer 1 ou 2 nuits à la playa Villarino.

Une piste nous mène jusqu’à une plage au bord du golfe San José.

Très exposée au vent qui souffle denouveau fort, nous trouvons un petit creux qui nous protège un peu. 

  

La plage est jonchée de coquillages encore entiers, comme s’ils venaient d’être vidés. Une vraie hécatombe. 

A certains endroits, du rocher rongé par le vent et l’eau affleure et apparaissent, fossilisés, des coquillages de toutes sortes dont des grands bénitiers durs comme de la pierre. 

Nous sommes seuls. La mer monte et avant de dormir, nous allons vérifier que notre « petit creux » ne risque pas de se remplir dans la nuit. Ça devrait être bon. 

Le lendemain, nous nous réveillons quand l’horizon se colore de rouge. Nous partons à pied vers l’est où nos amis suisses nous ont indiqué avoir vu des manchots à 4km.  La balade est superbe, en bord de falaise, les plages se succèdent, toutes désertes. Pas de trace d’un quelconque animal, si ce n’est des goélands ou des cormorans et quelques vaches surprises de nous voir.

      

Nous refaisons le chemin en sens inverse et 2 baleines apparaissent près de la plage. La mer est agitée, elles ne s’attardent pas.

Des Argentins qui ont l’habitude de venir dans le coin nous confirment qu’il ne pleuvra pas d’ici quelques jours. Le vent s’est calmé, on décide donc de rester une nuit de plus. Les étoiles sont très brillantes et la lune nous sert de réverbère. 

Difficile de partir de ce paradis alors que des baleines viennent faire les belles pendant qu’on prend notre petit déjeuner. En 5 jours on en a bien fait le tour, on n’a plus grand chose à manger, plus beaucoup d’eau et …une douche s’impose…

La Ruta 14 – encore

Nous poursuivons notre route vers le sud. C’est par hasard que nous nous arrêtons pour la nuit à Curuzú Cuatí car le camping municipal de Mercedes était squatté par de nombreux fêtards.

Dans ce grand parc où des chevaux broutent l’herbe, un combi VW jaune est déjà installé avec à son bord un couple franco-argentin et leur petite fille. Ils sillonnent l’Amérique du Sud depuis un moment et nous refilent plein de conseils. Plutôt que d’aller se perdre vers Parana, Santa Fe ou Rosario qui craint un peu, nous décidons de tracer vers Buenos Aires en plusieurs étapes. L’une d’elle sera Colón un chouette petite ville avec des panaderías merveilleuses où on se gave d’empanadas, de medialunas et de pain con semillas qui change du pain caoutchouc que l’on trouve partout.

C’est ici aussi que nous porterons notre linge à la lavanderia et que nous ferons la première vidange au bord du Rio Uruguay. A ce jour, nous avons fait 4800km depuis notre départ de la maison et 3400km sur le continent américain.

 

Sur la Ruta 14, on trouve beaucoup de vendeurs d’oranges et de mandarines. C’est la pleine saison et ils les vendent par filets de minimum 5kg. Pas de soucis, elle sont délicieuses et ne coûtent pas grand chose. Il y a aussi le vent, bien de face. Mais il y a surtout les nombreux contrôles de police qui sont réputés pour leur sens de la corruption. Si on a de la chance, ils sont sur leur téléphone en train de surfer ou ils nous laissent passer en rigolant. Sinon, ils nous arrêtent, nous demandent nos papiers, veulent voir l’intérieur de la deuche, soulèvent les coffres, ouvrent la remorque et finissent pas nous demander combien on a d’argent et si on a des dollars. La stratégie est de mal comprendre ce qu’ils veulent et de ne leur donner que des copies des papiers. Mais cette fois-ci, il veulent le passeport original pour voir le tampon d’entrée dans le pays. Quand il me parle de dollars, je lui dit fermement qu’on en a pas. Quand on voit qu’ils ne savent plus trop quoi contrôler et que tout est en ordre, Quentin reprend les papiers des mains du policier, on referme tout sans attendre qu’ils nous disent que c’est ok et on repart en les laissant en plan et en leur faisant un grand sourire, Ciao !