Les geysers du volcan El Tatio

Avant de quitter définitivement le Chili, nous décidons d’aller voir les geysers du volcan El Tatio. Comme la piste au départ de San Pedro est réputée difficile, nous jouons la sécurité et nous dormons dans une jolie gorge, près des ruines d’une forteresse du XIIème siècle, la Pukara de Lasana. De là nous pourrons emprunter une route toute neuve avec de la piste seulement sur les quelques derniers km. Nous partons à 6h du matin, sans la remorque, car c’est avant 8h que les fumerolles sont les plus impressionnantes.

  

La route est superbe, on voit le soleil se lever derrière les montagnes. On grimpe jusqu’à 4500m mais pour la dernière côte, je suis au volant, moteur à fond et Quentin qui pousse derrière. J’avance jusqu’à un replat et Quentin me rejoint à bout de souffle.

Ensuite, c’est la piste, tout en descente mais c’est sûr, on ne va jamais pouvoir faire le chemin inverse.

Nous arrivons sur le site aux 80 geysers et fumerolles, à 4320m d’altitude. L’eau qui en sort est à 85 degrés. C’est le plus grand champs de geysers d’Amérique latine. Une piscine récupère l’eau chaude et on peut s’y baigner. Quentin se contentera de se mouiller les pieds.

        

Quand les touristes sont partis, seules restent les gavottes andines et les vigognes.

Pour le retour qui s’annonce compliqué, Quentin met un plus petit gicleur. J’interroge un gardien du parc sur la qualité de la piste qui part vers le nord, il ne me la conseille pas. Bon, le plan B est foutu.

On tente donc le plan A mais et on attaque la fameuse montée qu’on a descendue (et-que-j’étais-sûre-qu’on-pourra-pas-la-remonter) Quentin pousse le moteur à fond. On avance mais la montée est trop longue, trop de sable.

Quentin me crie, « Saute ! »

Quoi ?

« Saute! »

Et je saute de la voiture en marche. Une première.

Mais malheureusement ça ne suffira pas et nous devons passer au plan C.

Demi-tour et on emprunte la piste qui va nous ramener à San Pedro de Atacama ! Pas plus rassurés car elle a mauvaise réputation mais au moins il y a un peu de passage. Et effectivement la piste est Horrible.

De la bonne grosse tôle ondulée comme on n’a jamais eu, impossible à survoler, on dérape comme sur de la neige. On se retrouve à 10km/h à passer bosse après bosse. Les 4×4 qui transportent les touristes ont fait des traces à côté de la « route », nous y allons et ça s’avère moins cassant.

  

Le paysage est fabuleux, ce détour nous permet de voir la jolie petite église de Machuca,

des lamas qui broutent dans des prés humides et quelques flamants dans une lagune.

      

Jusqu’au bout nous aurons des montées balaises et à midi nous arrivons enfin à San Pedro de Atacama qu’on croyait ne plus revoir. Il n’y a plus qu’à refaire la route de Calama, Chiu Chiu et Lasana où on récupère la remorque.

San Pedro de Atacama

Petite ville bohème, très touristique, à 2500m d’altitude, une oasis dans cette immensité désertique. Quelques ruelles en adobe autour d’une place principale ombragée et d’un jolie église.

            

Le camping a un peu d’ombre et on décide de remplacer les pneus (très)usés des roues de secours par des pneus neufs. On s’allège donc ainsi de 2 pneus du toit. Il nous en reste 6 neufs dont 2 sur jante.

La Valle de La Luna

Nous abandonnons notre « carrito » au camping et partons visiter la Vallée de la Lune, à 15km de San Pedro de Atacama. Ptiket se sent plus léger et comme on lui a encore changé les gicleurs, il fonce comme un jeunot.

Le site est sublime. Nous commençons par la « cueva de sal », une gorge étroite que l’on parcourt à pied, en crapahutant parfois à la seule lueur du téléphone.

La suite se passe de commentaires …

       La dune géante

       Rien ne m’arrête

    

Argentine – Paso Sico – Chili

Notre première nuit à 3700m d’altitude n’a été très reposante. On se réveille avec un bon mal de tête et les sinus congestionnés. Nous devons apprendre à gérer ces problèmes, nous qui plafonnons à 450m en temps normal.

Le froid : on connait. On ressort les polaires, duvets etc…Finalement nous préférons nettement le froid (raisonnable) à la grosse chaleur.

Le mal de tête : aspirine et coca 9ch (merci Monique M.) font l’affaire mais la gêne reste toujours latente

Le manque d’oxygène : pour nous, pas grand chose à faire. Par contre, il faut régulièrement adapter les gicleurs de Ptiket qui râle parfois de ne pas avoir suffisamment de puissance.

Le soleil brûlant : chapeau, lunettes et crème solaires à fort indice sont indispensables

Le sommeil perturbé : on dormira mieux 1000m plus bas

Et puis il faut boire beaucoup d’eau.

On reprend donc la route 51 qui n’est plus qu’une piste de grosse tôle ondulée sur plus de 100km. Heureusement la montée est progressive.

Nous faisons un petit crochet vers le viaduc de Polvorilla dont s’est inspiré Hergé dans le Temple du Soleil. 

Le paysage devient de plus en plus désertique. Nous passons plusieurs cols et le plus haut sera à 4560m. Quelques km avant le Paso Sico, nous arrivons en fin d’après-midi au poste de douane. Nous sommes à 4020m, on a avalé pas mal de poussière et on demande aux douaniers de pouvoir passer la nuit dans le coin. Ils nous disent qu’il n’y a pas de problème et nous indiquent un baraquement dans lequel plusieurs lits sont à disposition des rares voyageurs qui passent par ici, douches chaudes et cuisine. Nous partageons cet espace inattendu avec un cycliste qui vient d’Alaska à qui nous fournirons de l’eau car ici elle n’est pas potable.

Le lendemain, les passeports tamponnés et la voiture fouillée à la recherche de fruits et légumes, nous faisons les 10 derniers km de piste jusqu’à l’entrée officielle au Chili et le retour sur une route asphaltée. 

Ensuite c’est la longue descente vers l’Atacama. Des volcans, des lagunes et des touristes qui se prennent en photo devant la deuche. Nous rencontrons nos premiers lamas et vigognes que nous avons d’abord prises pour des guanacos mais elles sont plus fines, le poil plus court et la tête claire.

        

A 3740m, nous trouvons un bivouac magnifique, face au volcan et cachés de la route par un rocher de pierres basaltiques. 

Avant d’arriver à San Pedro de Atacama, nous faisons une halte à Socaire pour son église coloniale au plafond en bois de cactus et ses cultures en terrasses datant des Incas.

  

Ensuite nous traversons le salar de Chaxa sur lequel vivent des flamants de James, des Andes et du Chili, très différents des camarguais.

        

On s’installe pour quelques jours dans un camping pour rayonner plus facilement (sans la remorque) dans la région.

De Salta à San Antonio de los Cobres

C’est par la route 51 que nous allons quitter définitivement l’Argentine. Ça se fera en plusieurs étapes car nous allons prendre de l’altitude.

La route est bonne, avec quelques tronçons de ripios et peu fréquentée. La montée est douce et la deuche a l’air contente de ses nouveaux gicleurs.

  

Les cactus sont nombreux, très grands mais ils ont l’air bien malades.

              

Nous atteignons sans problème le col à Abra Blanca, 4080m.

  

Ensuite, c’est la descente vers San Antonio de los Cobres, à 3770m. Nous y passons la nuit pour nous acclimater. Le crâne sert un peu, les yeux sont secs et nos neurones sont un peu mous. Mais ça va.

  

Salta

Salta, véritable camp de base des voyageurs, venant du sud ou du nord. Nous retrouvons au camping quelques overlanders avec qui nous pouvons échanger et passer un bon moment… avant d’attaquer un nouvel entretien complet de Ptiket (20.000km) : vidange moteur et boîte, filtre à huile et à air, graissage, retour à l’allumage électronique, remplacement des roulements de la roue droite de la remorque qui étaient complètement rongés par la rouille.

Et surtout, changement des gicleurs du carburateur et de la pompe du chauffage. En effet, demain nous prenons la route vers le Chili et nous devons passer un col à 4.200m.

  

La température a chuté de 10 bons degrés et la visite de la ville est bien plus agréable. Le Museo de Arqueologia de Alta Montaña est extraordinaire car il expose 3 corps d’enfants retrouvés en 1999 en parfait état de conservation, tout en haut du volcan Llullaillaco, à 6.700m d’altitude . C’est actuellement le site archéologique le plus haut du monde. Les enfants étaient sacrifiés aux dieux, selon les rites incas. Autour d’eux, des centaines d’objets confectionnés dans des matériaux provenant des différentes régions pour sceller les liens entre les tribus de l’empire Inca.

                

On prend une grande bouffée d’oxygène et on croise les doigts pour que nous tenions le coup tous les 3.

La Quebrada de Cafayate

Nous quittons Cafayate par la route 68 qui traverse la Quebrada du rio de Las Conchas. Décor rouge sang, formations rocheuses baptisées de noms évocateurs ; las ventanas, el obelisco, el anfiteatro, garganta del diablo… Chaleur et vent to(r)ride(s) ;-).

                 

La période et les lieux attirent maintenant un peu plus de touristes et nous ne sommes plus aussi seuls … et reconnus … Deux dames qui tentent de se rafraichir sous un arbre qui fait peu d’ombre nous disent qu’elles nous ont vus en photos et que « son famosos ! ». 🤔. Il est temps que l’on change de pays, la notoriété, c’est pesant 🙃.

De Villa Union à Cafayate

Après Villa Union, nous sommes à nouveau sur la Ruta 40. C’est sous une chaleur écrasante que l’on dévore les km.

      

On traverse à nouveau des décors très différents, certains proches du désert. Les cactus « cardon » font leur apparition. Un habitant nous expliquera qu’ils sont malades, bouffés de l’intérieur par des insectes. Mourants, ils tombent au sol, mais si il y a un bourgeon sur l’un des bras du cactus, normalement il devrait repartir mais à terme, ils sont amenés à disparaître. Comme on l’a vu dans les westerns, certaines espèces contiennent de l’eau mais il ne faut pas se tromper car c’est plus souvent un liquide qui a les mêmes propriétés que le LSD.

  

Après Belén, nous passons le km 4040 de la Ruta 40 !

Nous faisons une halte aux ruines de la cité inca de El Shincal. Le site, découvert en 1901, date du 15ème siècle et domine toute la vallée. Avec les explications d’un guide, nous parcourons l’endroit pendant près d’1h30. Une plateforme cérémonielle (sacrifices d’animaux) sur la place centrale, deux grandes salles communautaires et 2 hauts monticules alignés sur l’axe du soleil levant et du soleil couchant, qui dominent le tout. Les Incas avaient installé ce comptoir commercial pour traiter avec les Diaguitas dont ils achetaient les céréales pour les ramener au Pérou. Ici les cactus ont plus de 500 ans et ont bien connu cette civilisation.

      

Nous sommes cuits à point quand nous reprenons la route qui est toujours aussi surprenante.

        

Ce soir nous sommes à Cafayate, jolie petite ville où on retrouve le style colonial qui nous manquait depuis un moment. Les bodegas sont ici aussi nombreuses et nous avons goûté le « Torrentes », un vin blanc sec et parfumé, délicieux avec les empanadas.

  

De San Juan à Villa Union

Nous prenons la direction de l’est pour traverser le parc de Talampaya. En nous arrêtant en bord de route pour prendre une photo, on roule sur une branche d’épineux qui crève le pneu arrière droit. On prend la roue du capot pour arriver au bivouac du soir.

Nous traversons la vallée fertile qui est effectivement très verte mais composée surtout d’épineux, de cactus et de sable.

    

Quelques maisons poussiéreuses en adobe au bord de la route.

L’ingénieur des ponts et chaussées a trouvé un moyen de divertir les conducteurs qui somnolent sur cette route rectiligne.

Au petit camping municipal de San Agustin, Quentin met une chambre à air dans le pneu crevé et la roue de secours reprend sa place sur le capot.

  

Le lendemain nous sommes dans le Parc Talampaya. Classé au Patrimoine de l’Unesco, il ne se visite qu’en bus et avec guide. Nous décidons de ne pas y aller, vu le coût de l’entrée et de la visite. Un ange a dû nous souffler cette idée car au km 181 de la route 76 , alors que nous avançons tranquillement à 110 km/h, vent dans le dos, on voit au loin un combi VW jaune qui arrive dans l’autre sens. Au moment de se croiser, on se reconnait et on s’arrête. C’est David, Mercedes et leur petite Zoé que nous avions rencontrés dans un camping municipal le 1er août dernier pas loin de Colon !! Encore quelques bons tuyaux pour la suite de notre voyage et on se dit à plus tard, qui sait ….en France…

  

Ce soir bivouac au bord de la retenue d’eau, à Villa Union.

San Juan – Le Citro Club

A peine arrivés à San Juan, nous sommes pris en charge par Andres et Diego qui nous offre un logement pour une nuit.

Le soir, nous rencontrons plusieurs membres du club autour d’un bbq et de « ponchos ». Ambiance technique, on s’amuse à comparer les différences entre les deuches françaises et argentines. L’accueil est extraordinairement chaleureux et généreux. Faut juste qu’on s’habitue à dîner à minuit…

      
Le lendemain, Andres nous accueille chez lui et sa maman qui est une source inépuisable d’informations sur le pays. Nous roulons jusqu’à 2 grands barrages qui permettent de fournir l’eau à la ville mais aussi à la mine d’or et d’argent.

     harmonie…

    

Nous passons à la gomeria pour inverser les pneus arrière.


Le soir, ce sera San Juan by night. La ville, construite à l’époque essentiellement en adobe a été complètement détruite en 44 à cause d’un tremblement de terre et aujourd’hui elle se veut moderne et progressiste.


Avant de partir, Andres nous assure une place privilégiée dans le coeur du club qui continuera à voyager avec nous.