Vendredi 13 juillet 2018 16h, 36 jours de mer, 10 escales plus tard, nous voilà à Montevideo, Uruguay. Nous avons pu sortir rapidement du cargo mais il a fallu attendre sur le quai que le gros MAN de Carlos puisse se dégager des camions qui le bloquaient et qui n’avaient plus de batterie.
La représentante de la compagnie Grimaldi nous prend en charge, nous amène à la douane et tous les papiers sont faits en 15´. Pour l’anecdote, ils ont à peine regardé le permis international…
Carlos connait un endroit où passer la nuit, la Punta Carretas, près du phare, à la pointe est de la ville.
Il fait nuit et c’est à la lueur de nos lampes Led que nous assemblons la remorque. Il fait frais mais pas froid. Carlos, compatissant, finira par sortir un puissant spot pour nous éclairer un peu mieux.
On dine avec des pâtes et une boite de thon. On fera mieux demain.
A 10h, tout est presque parfaitement rangé, on peut faire le lit et dormir. La nuit, les duvets ne sont pas de trop.
Ce matin, plein soleil, le vent est tombé et nous avons fait la grasse matinée jusqu’à 8h30 !
Il y a un supermarché pas loin, quelques victuailles et on part à la découverte de la ville. On restera sans doute jusqu’à lundi matin.
Mercredi 11 juillet 2018, après avoir attendu notre autorisation de sortie toute la journée d’hier, nous avalons notre petit-déjeuner en vitesse, passons les 3 contrôles du port et nous négocions avec un taxi pour qu’il nous conduise à Buenos Aires et qu’il nous ramène tard ce soir.
Au bout de nombreux embouteillages, il nous dépose au coin de Cordoba et de Florida, ce qui nous permet d’acheter des datas et de retirer de l’argent.
Ici, 100 pesos valent 3€, et nos portefeuilles ont du mal à contenir les énormes liasses de billets.
C’est au restaurant l’Estancia, que nous dégustons nos premières pièces de viande argentine grillée au feu de bois et nos premières bouteilles de Malbec.
« Para vivir asi más vale no morirse nunca »
Nous parcourons les quelques rue de Caminito avec ses façades colorées du quartier de la Boca.
Maradona, Eva et Juan Perón
« Caminito que el tiempo ha borrado, que juntos un dia nos viste pasar…. »
La Plaza de Mayo, cernée par les bâtiments gouvernementaux dont le palais présidentiel – la Casa Rosada – est le lieu où manifestent encore régulièrement les Mères de Disparus. Aujourd’hui ce sont les famillesdes 44 sous-mariniers disparus qui réclament des comptes.
La nuit tombe, on marche 20 blocs pour rejoindre San Telmo qui commence à s’animer. Nous sommes à la recherche d’un endroit qui propose un peu de tango mais c’est l’hiver et après 17h, les danseurs ne dansent plus… Nous prenons un verre dans un petit bar de la calle Estados Unidos, histoire d’avoir du wifi qui s’avère excellent.
On reprend nos recherches et au 4ème passant abordé, il nous indique enfin un endroit :
Bar Sur, une antiquité et une référence en matière de préservation de la culture et des traditions de Buenos Aires. Le spectacle commence à 21h, on nous installe à des petites tables rondes, habillées de nappes en velours noir. La salle est très petite et le carrelage par terre est bien usé signe de l’intensité des pas de danse. Arrivent, un pianiste, un joueur de bandoneón et un contrebassiste. A eux 3, ils doivent totaliser environ 273 ans, ils font partie des murs. Mais leur musique est magnifique. Le bandoneón est sautillant, toujours joyeux. Puis entre un couple de danseurs qui enchaînent plusieurs tangos, du plus langoureux au plus torride. Loin d’être une danse « folklorique », le tango, à le regarder de très près, est fascinant. Chaque danse raconte une histoire, chaque pas, chaque mouvement de pieds, de main, de port de tête, de regard en est un épisode.
Mais il est 23h et le taxi vient nous rechercher. Il faudra pousser la Golf pour qu’elle démarre..
Au contrôle du port nous retrouvons Pawel, Vasil et Zlatin qui se sont ennuyés à Zarate..
Nous n’avons pas tout vu de Buenos Aires, loin de là mais nous reviendrons, c’est promis.
1h du mat’, demain nous partons vers notre dernière escale.
Ce matin du 16 juin, nous avons jusqu’à 17h30 pour visiter la ville que Carlos connait bien. Il fait beau, une chance d’après lui car la Galice est plutôt soumise à de fortes pluies en général. Nous allons en taxi vers le port de plaisance et continuons à pied jusqu’à la vieille ville. Les anciens bâtiments à l’architecture typique côtoient des immeubles fatigués et moches. Nous montons jusqu’au castillo ou plutôt ses ruines mais joliment mises en valeur. A midi, nous mangeons al Reposo del Pescador, dans une salle très bruyante où une télé géante retransmet, avec le son à fond, le match France – Australie de la coupe du monde de foot. Ici, c’est sûr, nous mangerons « local », des empanadas de thon, du poisson grillé et le fameux gâteau de St Jacques, le tout arrosé d’un excellent Albarino. La France a gagné le match.
Nous marchons encore dans les petites rues de la ville et faisons quelques courses au supermarché AlCampo (Auchan espagnol !). Retour en taxi pile à l’heure. On sautera le repas du soir. Excellente journée.
Le Chief Officer annonce au haut-parleur que ce soir nous devons retarder nos montres d’une heure. Dakar est 2h en avance mais on y va progressivement.
Pendant le trajet entre Hambourg et Le Havre, nous sommes informés via le panneau d’affichage qu’il va y avoir un exercice d’évacuation du bateau («quelqu’un» n’a pas pu résister et a mis sa touche personnelle sur le panneau !…)
A l’heure dite, la sirène retentit et nous nous retrouvons tous sur le pont supérieur. On nous fournit un gilet de sauvetage et un jeune cadet philippin nous montre comment enfiler la combinaison de survie. Nous sommes censés le faire en 2´ maximum.
Ensuite, le Capitaine nous informe qu’il n’y a pas de canot de sauvetage spécifique pour nous (ah bon ?) et que chaque canot (il y en a 2, un à bâbord et un à tribord) peut accueillir tout l’équipage. Une fois à l’intérieur, le chef mécano nous explique comment démarrer le moteur et faire avancer l’engin.
Le tout n’a duré qu’une trentaine de minutes et apparemment l’exercice sera renouvelé plusieurs fois au cours du voyage.
Vers 18h ce 13 juin, nous arrivons à l’entrée du port du Havre mais il faudra encore une heure pour passer l’écluse et retourner le cargo dans le sens du départ.
Nous avons peu de temps et la ville est loin du quai, nous ne descendrons donc pas à terre cette fois-ci.
Nous voilà repartis pour traverser le golfe de Gascogne, tout droit vers le pointe ouest de l’Espagne.
La vie à bord est rythmée par les heures des repas, la préparation de notre futur itinéraire, les séances de gym, les leçons d’espagnol, la sieste, les discussions avec Carlos et Magy, les balades sur le pont supérieur, pour finir le soir avec un bon film. Pas le temps de s’ennuyer.
Hier, le Capitaine a demandé au cuistot de prêter ses fourneaux à Carlos pour qu’il nous prépare une paëlla. Il a dû faire avec les ingrédients du bord…mais au moins ça change des patates.
Le chef en a profité pour nous faire goûter le menu des Philippins :Braised Pork in Pot (Hong Kong Style). La sauce est bonne mais la viande « légèrement » trop grasse pour moi….
Même si le bateau roule et tangue pas mal, les mouvements sont amples et softs, rien à voir avec ce que l’on peut subir sur un voilier ;-). On verra ce que ça donnera si nous essuyons du mauvais temps. Oui, certaines nuits sont plus agitées que d’autres mais il y a toujours un moment dans la journée pour pouvoir récupérer.
Aujourd’hui nous sommes à Vigo pour la journée et nous allons profiter de leurs spécialités de fruits de mer.
Nous connaissons la (longue) liste de nos prochaines escales : Dakar (Sénégal), Conakry (Guinée), Vitoria, Rio, Santos, Paranagua (Brésil), Zarate (Argentine) et enfin Montevideo (Uruguay).
Nous pourrons peut-être envoyer un petit message quand nous longerons les côtes des Canaries.
Nous restons debout jusqu’à 23h pour profiter de l’arrivée de nuit dans Hamburg.
Etonnante cette remontée de l’Elbe, très industrielle sur la rive droite et sauvage sur la rive gauche. Plus on approche de la ville, plus il y a de petites maisons quasiment à portée de main.
Dans la matinée, après avoir signé le registre, nous quittons le navire et le port à bord d’une navette et entamons une marche d’une heure pour rejoindre le centre ville. La météo est avec nous. Belle surprise, Hamburg que l’on imaginait industrielle est en réalité un très jolie ville faite de briques rouges, parsemée de canaux dont les quais sont aménagés pour bien profiter des beaux jours.
Nous avons bien évidemment mangé des hamburgers succulents en terrasse, et si un petit vent frais devait nous faire frissonner, le restaurant met des couvertures à disposition de ses clients.
A 17h on reprend le chemin du port, toujours à pied, la navette et l’escorte jusqu’à l’ascenseur. Challenge du jour : monter les 12 niveaux par l’escalier après avoir marché 16km. Done. ☑
Hamburg c’est aussi un changement de Capitaine. Si le premier était déjà sympa, celui qui arrive est un Bulgare bon vivant, accessible et attentif à ce que nous fassions un bon voyage. Je pense qu’on ne va pas s’ennuyer même si nous ne serons finalement que 4 passagers. Il faudra aussi compter avec les 4 officiers qui nous donneront toutes les infos sur le cargo. A part le chef cuistot et son aide, nous ne verrons pas beaucoup le personnel philippin, toujours très gentil et prêt à discuter quand nous les croisons.
Prochaine escale Le Havre, demain en fin de journée.
Le 1er mars, nous avons complété le questionnaire sur le site de l’Ambassade des Etats-Unis à Paris. Un peu long, pas trop compliqué si ce n’est qu’il faut retrouver les dates de nos précédents séjours et notre historique personnel (études, emplois…).
Après avoir payé les frais (2x 160€) par virement, nous avons pu choisir notre date et heure de rendez-vous à l’Ambassade : le 14 mars à 11h.
Nous prenons donc le train pour Paris. Les instructions fournies pas mail précisent tout ce qui est interdit à l’entrée. Nous devons donc laisser notre petit bagage à un hôtel qui, pour 5€, garde « officieusement » les bagages et autres ordinateurs.
15′ avant l’heure du rendez-vous nous nous présentons à l’entrée d’une tente, devant l’Ambassade : fouille méticuleuse des sacs, passage du détecteur de métaux, vérification que le dossier est complet. Nous pouvons alors entrer dans un premier sas où on nous garde téléphones, iPads, clés, câbles, chargeurs, ceintures, montres que nous pourrons récupérer à la sortie.
Entrée dans l’Ambassade-même où une longue file est déjà en attente.
Nous patientons une vingtaine de minutes avant de passer à un des multiples guichets.
Vérification du dossier, prise des empreintes des 10 doigts.
C’est bon, on peut passer à un autre guichet où on nous demande pourquoi nous n’avons pas simplement demandé un ESTA : parce que nous comptons rester plus longtemps….
Ok, vous allez recevoir vos passeports avec les visas par la poste d’ici une semaine.
Merci Monsieur… au revoir… et nous voilà dehors, prêts à profiter d’une superbe journée pour se balader dans Paris.
Après les longues routes monotones d’Espagne, voici enfin le Portugal et ses jolis villages.
Nous sommes à Galago, ses maisons blanches et son église typique.
Aux environs de Castelo Branco, un grosse fumée noire s’élève de derrrière la colline.
Le pays est en feu et on sent les secours impuissants.
La végétation brûle tout autour et parfois le feu grignote les bords de la route faisant fondre les panneaux de signalisation.
Dimanche 23/07/17
On a quitté notre campagne sous le soleil, pour arriver en fin de journée à l’Isle de Noé.
Un premier bivouac au bord de l’eau bien en retrait de la route, sous les platanes s’annonçait parfait jusqu’à ce que l’on s’aperçoive que le portail ancestral donnant accès à la vieille ville, surmonté de cloches sonnait les heures 3 minutes avant et une seconde fois à l’heure pile et ce durant toute la nuit.
L’avantage du carillon c’est que l’on a pu sans bouger du duvet, clairement identifier le moment précis où le déluge nous est tombé dessus.
La pluie ne nous a quittés que le lendemain une fois arrivés en Espagne.
On s’est quand même bien rendu compte que l’on franchissait les Pyrénées lorsqu’il a fallu passer la première en sortie des épingles à cheveux du col du Larrau pour relancer la deuche.