Nous quittons sans regret le nord du Pérou et ses kilomètres de détritus. La protection de l’environnement n’est pas le point fort de l’Amérique du Sud mais ici c’est catastrophique. On peut imaginer que l’état n’assure pas le ramassage mais de là à éparpiller les déchets sur des dizaines de km, il y a vraiment un problème !
Le 29 décembre, nous arrivons donc à la frontière, au poste de Macara. Côté péruvien, nous attendons 30´ le douanier qui est parti faire une course à Loja.
Au bout d’une heure, nous traversons le pont pour arriver à la douane équatorienne. Ici aussi il faudra une heure mais le douanier est sympa et il a un peu de mal avec l’encodage d’un véhicule européen.
Dans la petite ville de Macara, nous pouvons retirer de l’argent au distributeur. En Equateur, ce sont des dollars américains, au même cours. Nos premières impressions sont plutôt agréables, les rues sont propres, les gens très aimables et la circulation raisonnable.
Ça fait 20 ans que l’Equateur reçoit régulièrement des récompenses de ses efforts pour la protection de l’environnement et aujourd’hui le contraste avec le Pérou ou la Bolivie est flagrant.
Autre remarque, l’Equateur est un pays TRÈS montagneux. La première reprend du service, l’aiguille du compteur de vitesse ne décolle pas, nous roulons à moins de 20km/h. Et puis c’est la descente, vertigineuse, en première aussi pour ne pas cramer les freins.
A Loja, nous n’y passerons qu’une nuit.
Saraguro, très jolie ville coloniale. Les femmes portent l’habit traditionnel de leur communauté, toutes de noir vêtues mais avec des colliers de perles très colorés. Les hommes ont aussi les cheveux longs tressés, le feutre noir et le pantalon 3/4 noir. Ce peuple vivait à l’origine sur les bords du lac Titicaca mais au XVème siècle, les Incas les ont forcés à se déplacer jusqu’ici.
Nous continuons nos montagnes russo-équatoriennes aux collines vert tendre, où des vaches paissent tranquillement.
Notre but était d’atteindre Cuenca pour le réveillon du Nouvel An, et nous y sommes.
Depuis Caraz, la route traverse ce canyon impressionnant qui plonge à certains endroits à plus de 1000m. La montagne n’est que cailloux et rochers pas très stables. La route est très étroite et nous devons traverser une trentaine de tunnels dont certains très sombres, en espérant que personne n’arrive en face. On devra quand même faire 2 marches arrières mais que de quelques mètres.
Après Chuquicara, la route devient très difficile et nous préférons rejoindre la côte vers Chimbote. L’occasion de voir pas mal de champs cultivés, beaucoup de vergers, de cannes à sucre mais aussi du coton et des rizières !
On zappe Chimbote et on passe la nuit au bord de l’océan, à Huanchaco.
Le lendemain nous visitons le musée du Roi Sipan à Lambayeque. Incroyable découverte récente (1987) d’une pyramide en adobe contenant plusieurs sépultures et des momies entourées d’objets précieux et d’offrandes. Les ornements royaux faits d’or et de bronze ou de perles de coquillages sont magnifiques. Explications intéressantes sur le mode de vie de la civilisation Moche (on prononce Mo-t-ché !!).
Photos interdites, les téléphones restent à la consigne 😕.
Comme c’est fête, vous avez droit à une double dose de photos.
Nous entrons dans le Parc National de Huascaran, dans la Cordillère Blanche, par une très mauvaise piste. Pauvre Ptiket, on ne lui aura rien épargné.
Nous arrivons aux 2 premiers lacs, verts émeraude, à 3850m.
Marrant ces arbres qui prennent des coups de soleil, deviennent rouges et pèlent comme des touristes d’Europe du Nord en vacances à Ibiza.
Un peu plus loin, cette grande plaine sera notre chambre pour cette nuit. Il pleut quand nous nous endormons.
Le lendemain, réveil à 5h et quelle chance, le soleil pointe à l’horizon.
A 7h, nous attaquons la randonnée vers la Laguna 69 (ils n’ont pas pu donner un nom aux 400 lacs du parc). Le soleil commence à raser les montagnes. Il ne fait que 5 degrés.
Il y a 9km à parcourir jusqu’au lac. Pas la mer à boire, mais plutôt la montagne à avaler.
Les 3 premiers km sont tranquilles. Nous sommes dans la vallée. Au 5ème km ça commence à grimper dur. Le ciel est dégagé et on voit bien les montagne enneigées qui culminent à plus de 6000m.
D’après la carte, on peut situer à peu près où doit se trouver le lac et on avance confiants, on a la forme.
Arrivés là où on pensait trouver le lac, il s’avère qu’on n’a pas encore atteint notre but. Nous sommes dans autre plaine, à 4400m. Déçus, mais c’est plat, donc on reprend de l’assurance.
On arrive à un petit panneau qui nous signale qu’il n’y a plus qu’1km. Chouette ! Mais t’as vu où est le chemin ?
Cette dernière montée nous forcera à dépasser nos limites. Nous faisons 100 pas et reprenons notre souffle. Nous faisons 50 pas, nous faisons 20 pas…
4604m, la voilà cette fichue Laguna 69. Ça valait la peine, non ?
Il est 10h30, pause pique-nique. Nous sommes les premiers arrivés de la journée.
Quand on est prêts à repartir, d’autres randonneurs commencent à arriver. Un car a dû lâcher ses touristes car on croise beaucoup de monde à la descente qui nous demandent si c’est encore loin et si ça vaut le coup…on compatit !
2h30 pour redescendre, on arrive sur les genoux à la voiture mais heureux.
Petit bémol, on reprenant la piste vers Yungay, on crève un pneu. Mince, il est tout neuf. Plus tard on s’apercevra que c’est juste la chambre à air qui a dû être pincée. Rien de grave.
Nous sommes remontés sur la Panaméricaine, direction le nord, pour avancer un peu.
On ne peut pas appeler ça une autoroute vu qu’il y a des tuk-tuks, des charrettes pleines de cannes à sucre, des minibus qui chargent et déchargent leurs passagers tous les 500m, des vendeurs de boissons et de friandises entre les voies de circulation, des ralentisseurs et même des engins de chantiers. Mais les camions foncent, klaxonnent et on suit le mouvement.
Nous aurons droit à 3 contrôles de police. Au premier, le policier nous demande les papiers du véhicule et nous dit qu’on n’a pas les bandes réfléchissantes sur les côtés de la voiture. On a bien des bandes blanches mais lui veut qu’elles soient blanches et rouges. Ça fera donc 800 soles d’amende (200€). Nous lui expliquons que c’est un véhicule français, que malgré le fait que ce ne soit pas obligatoire en France, nous avons néanmoins collé des bandes blanches. Oui mais ici, c’est le Pérou et il faut qu’elles soient rouges et blanches. Mais il veut bien nous faire une réduction. Là, on comprend ces (mauvaises) intentions et on lui dit « No ». Il parle d’aller au poste de police, on lui dit « No ». A notre grande surprise, il nous dit plusieurs fois « No quiere ? » et sans trop y croire, on continue à lui dire « No ». Il est penché à la fenêtre de Quentin, nos papiers à la main. Je dis à Quentin de les lui reprendre et le type se laisse faire … On lui dit aurevoir et il lâche l’affaire. Il n’était définitivement pas taillé pour jouer à ce petit jeu mais on a joué fin !
Le contrôle suivant s’est passé normalement et au 3ème, le policier n’a même pas regardé les papiers, fasciné et amusé par la voiture.
Après ça il faut contourner Lima. Le « périphérique » est un asile de fous. Tout d’un coup, la route est fermée, une déviation nous amène tout droit dans un marché bondé. On tourne et retourne et on arrive à remonter sur la route principale.
Au bout de 2h on en est sortis et il n’y a plus qu’à trouver un endroit pour dormir. Pas question de bivouaquer dans cette zone car plusieurs voyageurs se sont fait braquer. On tente un motel un peu avant Barranca, entouré de hauts murs et nous tombons chez un couple américano-péruvien adorable qui me laissent même faire une lessive après avoir pris une bonne douche. Nous discutons de la vie autour d’un café et le lendemain matin nous aurons droit à un bon petit-déjeuner.
Nous en avons assez de cette chaleur et de tous ces barjots du volant, on reprend de l’altitude par la route 16 qui nous élève à 4100m, Conococha, Huaraz, Yungay et le Parc de Huascaran.
Il fait froid et il pleut … c’est le premier jour de l’été austral.
Cette réserve est un désert de sable mais aussi un sanctuaire marin, alimenté par le courant de Humboldt. C’est le lieu de rencontre d’un très grand nombre d’oiseaux et de mammifères marins.
Du sable à perte de vue, allant du gris, au rouge, au jaune ocre en passant pas le blanc, des dunes et des points de vue magnifiques sur les côtes.
Une fois l’entrée du parc payée (3€ par personne), nous pouvons y passer une nuit.
Au coucher du soleil nous nous installons au Mirador de la Cathédrale et dès 18h, nous avons le parc pour nous seuls.
Ce rocher formait une arche mais le 15 août 2007, un tremblement de terre de magnitude 7,9 changea définitivement son look.
Au petit matin, des urubus à tête rouge nous observent prendre notre petit-déjeuner.
Après une petite remontée à 4200m, nous attaquons la descente vers l’océan.
Le paysage devient de plus en plus désertique, le vent de plus en plus chaud, l’altitude de plus en plus basse, la route de plus en plus sinueuse.
Le cerro blanco
Nous entrons dans le four de Nasca où nous ne restons que le temps de manger/boire un caldo de gallina (sorte de poule au pot).
Nous revoilà sur la Panaméricaine Sud. Elle traverse la zone où l’on peut voir les fameuses lignes Nasca, ces glyphes énigmatiques tracés par des extra-terrestres (enfin c’est ce qu’on dit 😉). Le seul moyen de bien les observer serait de prendre un des petits avions qui ont déjà quelques crashes à leur actif (ceux qui se sont crashés ne volent plus bien sûr).
On se contentera donc de monter en haut d’un mirador.
Depuis que nous sommes à 600m d’altitude, le carbu fait des siennes. Quentin a re-changé les gicleurs mais quand on s’arrête on ne sait jamais si le moteur va repartir. Donc on ne s’arrête plus ….jusqu’à l’oasis de Huacachina, entouré de dunes de 110m de haut.
Super endroit pour bricoler et/ou rester bloqué.
Le problème vient de la vis de richesse du gicleur de ralenti. En effet, l’aluminium au niveau du pointeau de la vis est tout rongé, ce qui rend le réglage impossible. Quentin transforme une des 2 vis de réglage en taraud et progressivement il prolonge le filet aluminium du carbu et retaille plus court le pointeau. Ce qui maintenant permet un réglage, même s’il reste imprécis.
Ça durera ce que ça durera. En parallèle, on cherche un carbu…
Après 2 jours à rouler en 1ère, à 20km/h, 2 bivouacs dans la brume, nous devons zigzaguer entre de gros cailloux sur la route. Les montagnes par ici ont tendance à se déliter mais là nous sommes au sommet et on ne comprend pas bien d’où proviennent ces pierres.
Quelques km plus loin, nous avons la réponse. Des villageois bloquent la route. Devant nous, un gros camion attend. On interroge les personnes sur le barrage qui nous disent que le blocage va durer 4 jours !!?. Ils nous proposent un détour mais on leur explique que nous n’avons pas assez d’essence. Ça ne les émeut pas du tout. Je vais discuter avec le chauffeur du camion pour avoir sa version et lui pense que ça durera jusqu’à mardi (nous sommes dimanche).
Il faut se rendre à l’évidence, nous ne passerons pas et nous n’avons pas trop envie de rester ici 3 jours. Changement de plan. Au lieu de continuer par la montagne, nous rebroussons chemin et prenons la direction de la côte pacifique. Tout ce qu’on a péniblement monté, nous devons le redescendre et suivre le rio Lambrama.
L’avantage, puisque la route longe la rivière, c’est qu’on peut passer la 2ème et même la 3ème. Par contre le carbu est réglé pour au minimum 2500m alors que nous sommes descendus à 1800m. Ça crachote un peu mais ça ne dure pas car nous passons plusieurs cols à plus de 4000m, jusqu’à 4550m. Nous passons dans un gros orage, éclairs, tonnerre et grêlons.
Ce parcours imprévu se révèle finalement sublime.
Ce soir nous sommes dans un petit hôtel à Poquio. Demain nous serons à Nasca.
Nous y sommes arrivés par le nord, à l’inverse des bus de touristes. D’abord passer un petit pont de bois, laisser la voiture au pied de la montagne, et grimper…
Et voilà des salines en plein milieu de la cordillère des Andes, en terrasses, sur le flanc d’une gorge où coule un rio salé.
Les plus anciens de ces 3900 bassins datent d’avant les Incas