Haines – Skagway

Nous sommes revenus au Canada mais un petit bout d’Alaska nous tend les bras et on ne peut pas résister.

A Haines Junction, nous obliquons donc vers Haines. Alaska.

On croise d’abord le Kathleen Lake.

Ensuite ce sont les montagnes superbes

On traverse la frontière …. penser à changer l’heure…

Sur la rivière, ces drôles de nasses qui tournent avec le courant et ramassent les poissons

A Haines, nous prenons le ferry de 7h du matin (!) qui nous emmène en à peine 1h à Skagway, toujours en Alaska

Skagway, c’est un peu Mickey au pays des chercheurs d’or.

Nous sommes au début du chemin infernal qu’on dû emprunter les prospecteurs pour arriver à Dawson City. Ici commence le “deadhorse trail” sur lequel sont morts (aussi) des centaines de chevaux, épuisés par les charges, le froid et la faim.

Voyant tous ces hommes agglutinés au début de la piste, le gouvernement canadien y a envoyé les premières troupes de police montée pour faire régner l’ordre

Summit Lake et la frontière canadienne

Cette magnifique route se termine à Carcross, anciennement Caribou Crossing….

Ses dunes ….

Et son lac émeraude

Top-of-the-world Highway to Alaska

La route qui part de Dawson est en réalité une piste (encore!) qui serpente au sommet des montagnes.

Le petit poste frontière qui nous ramène aux Etats-Unis, dans l’état de l’Alaska, est la frontière internationale la plus septentrionale de toute l’Amérique du nord.

Les quelques villages que nous traversons sont en fait des vestiges d’anciennes stations de prospecteurs.

Chicken

Les habitants voulaient au départ baptiser leur ville du nom du volatile Ptarmigan (Lagopède) qui abondait dans le secteur, importante source de nourriture, mais n’arrivant pas à se mettre d’accord sur son orthographe, ils ont plutôt choisi Chicken.

Nous arrivons à Delta Junction, la fin de l’Alaska Highway, avant d’obliquer plein sud.

Dawson City

En 1896, 30.000 chercheurs d’or pleins d’espoirs se sont rués dans le Klondike. 

Depuis des générations, il n’y avait que des pâturages et camps de pêcheurs dans la région.  Les peuples natifs n’ont pu que subir cette invasion et en 2 ans leur habitat était transformé en une métropole « moderne ». Dès que le fleuve Yukon a commencé à dégeler en mai 1897, les bateaux à vapeur sont arrivés par centaines débarquant leurs passagers et le matériel à toute heure du jour et de la nuit. Dawson City devient alors la plus grande ville au nord de Seattle.

Ceux qui venaient par voie terrestre devaient emprunter la Chilkoot Pass (53km) avec tout leur bardas et leurs vivres, dans la neige, le blizzard et des températures inhumaines. Une loi les obligeait à emporter 1 tonne de matériel dont 300kg de nourriture (farine, sucre, haricots…) et il leur fallait au minimum 3 mois d’allers/retours avant de pouvoir commencer à prospecter.

L’extraction manuelle de l’or n’a duré que jusqu’en 1899 quand les filons les plus accessibles ont fini par être épuisés. La mécanisation a pris la suite, draguant les rivières et les fleuves à grande échelle.

Avec Michel, notre coloc motard-québécois du Gold Rush camping, nous sommes allés voir le show des girls du casino « Diamond Tooth Gerties ».

Foutu permafrost !…

L’Océan Arctique

Nous serions venus deux ans plus tôt, nous aurions dû nous arrêter à Inuvik. L’accès à Tuktoyaktuk ne se faisait que grâce à la « ice road ».

Mais depuis fin 2017, une nouvelle piste est ouverte pour ceux qui voudraient aller encore un peu plus au nord. Pour nous donc. Nous partons tôt ce matin, sous un ciel couvert mais sec. Il faut se farcir les 150 km sans interruption. Sur ce tronçon, plus « d’aire de repos » ni de bivouac possible. Il y a la piste et la toundra parsemée de lacs, c’est tout. Le revêtement ressemble à celui de la Dempster, en pire. Du gravier, de la tôle ondulée qui devient carrément des vagues car le sol meuble du permafrost fait onduler la piste. La 2cv passe ces obstacles avec souplesse mais on a quelques passages bien dynamiques. Les camions sont rares mais quand on en croise un, il nous asperge d’un cocktail de boue et de graviers.

Quelques km avant Tuktoyaktuk (Tuk pour les intimes), on aperçoit des Pingos. 

Il faut encore traverser le village pour enfin arriver au bout du bout, le point le plus septentrional de notre voyage, au bord de l’Océan Arctique. 11 mois après Ushuaia.

Les infrastructures touristiques commencent doucement à se développer, encore à petite échelle car il faut bien dire que seuls les plus « allumés » entreprennent l’expédition. Certains habitants ont flairé le filon et entendent bien détrousser le touriste en vendant des produits artisanaux hors de prix. Pourtant ils s’efforcent de transmettre leurs traditions à la jeune génération et vivent surtout de la pêche (rivière ou océan), chasse et commerce de fourrures (castor, rat musqué) et de la cueillette (plusieurs variétés de myrtilles)

A midi, nous mangeons chez Granma’s Kitchen, à l’abri dans sa véranda, un excellent poisson (pas frit !), au bord de l’Océan Arctique.

Pour le retour, pas d’autre choix que de refaire les 900km dans l’autre sens. 

Beaucoup de boue le premier jour et du brouillard le lendemain.

Prochaine étape Dawson City, avant d’aller faire un tour en Alaska.

Dempster Highway

Un peu avant Dawson City, nous obliquons vers la Dempster Highway, une piste de 734km jusqu’à Inuvik.

Ici le bidon de secours servira car entre la station du km 0 et Eagle Plains, il y a 370 km.

Nous sommes dans la toundra arctique, sur du permafrost. La piste ne voit pas passer beaucoup de monde mais doit résister au gel et dégel du sol. Elle est faite d’un mélange de terre, de cailloux et de chlorure de calcium, un liant qui évite qu’il y ait trop de poussière. Et en effet, ça roule pas mal, il y a quelques belles côtes quand même et comme il pleut par intermittences très régulières, parfois beaucoup de boue, ce qui repeint la voiture.

Quasiment à mi-distance, nous franchissons le Cercle Polaire Arctique, nous nous rapprochons du Pôle Nord 😉…

Ici, depuis le 21 juin, c’est 6 semaines sans que le soleil ne disparaisse à l’horizon. Il faut bien occulter les fenêtres pour garder notre rythme de sommeil.

Au matin du 3ème jour, nous quittons le Yukon pour entrer dans les NorthWest Territories.

Certaines portions de la piste servent de piste d’atterrissage d’urgence. Interdiction de s’arrêter…

On a failli écraser un Ptarmigan (poulette arctique) qui traversait sans regarder. Elle n’y a laissé que quelques plumes et une belle frayeur pour nous car les embardées sur cette piste glissante sont fortement déconseillées.

Oh, un Grizzli ! 

Oh, un Renard ! On le surprend en plein repas.

Nous devons prendre un bac pour traverser la Peel River et un autre sur la Mackensie River.

Après 3 jours de piste nous arrivons à Inuvik, au bout de la Demspter Highway. 

Cette ville est construite sur le permafrost c’est pourquoi il a fallu installer tout un réseau hors-sol de tuyaux faisant passer l’eau, le chauffage, les évacuations des habitations.

The « Igloo Church »

Au camping, il y a ceux qui y sont allés et ceux qui trépignent. Les avis sur l’état de la piste sont partagés, un motard n’aura pas eu la même impression qu’un Américain dans son gros 4×4 ou même qu’un cycliste (le pauvre !). Demain, c’est sûr, nous serons au bord de l’Océan Arctique!

Une douche, un poulet rôti et un soleil généreux qui ne descendra pas plus bas que l’horizon (et c’est comme ça 56 jours par an).

Whitehorse

Nous voilà donc sur l’Alaska Highway. Une route qui a été construite en 9 mois, juste après l’attaque de l’armée japonaise sur Pearl Harbour. Les Américains étaient persuadés que la menace viendrait par l’ouest et il fallait à tout prix pouvoir amener des forces militaires en Alaska.

Des km de sapins, des lacs, des rivières et pas la moindre maison entre 2 postes de ravitaillement. C’est sauvage…

Plus on s’approche du Pôle, plus les journées sont longues. On a essayé de rester éveillés jusqu’à ce qu’il fasse noir mais à chaque fois on s’endort sans savoir à quelle heure tombe la nuit. Le matin, idem, il fait déjà clair quand on ouvre un oeil vers 4h.

Whitehorse est la dernière ville où on peut vraiment s’approvisionner, communiquer, se doucher.

Direction plein nord sur la Klondike Highway, jalonnée de petits trading posts.

British Columbia – Yukon

Le soleil est revenu et le vent aussi. Ça va augmenter un peu notre consommation mais les points de fourniture de carburant ne sont pas espacés de plus de 200km pour l’instant. Nous n’utilisons pas encore le bidon de réserve. 

Nous avons fait d’incroyables rencontres ces derniers jours et toujours dans des endroits improbables. Des Brésiliens et un Canadien coincés dans un camping en attendant des pièces pour leurs motos, des Québécois qui connaissent un Suisse qui voyage en Acadiane, un jeune couple de Drômois qui voyagent à vélo, des bikers argentins et colombiens qui font le tour du monde (quel plaisir de les entendre parler), un jeune couple de Français qui pense s’installer au Canada.

Certains reviennent de Tuktoyaktuk et nous indiquent dans quel état est la route jusque là haut. Ça devrait le faire. Les autres, nous les recroiserons sûrement un jour ou l’autre.

Ah oui, un ours et un renard !

Au bout de la highway 37, c’est le Yukon, plus grand que nature !

Cassiar Highway

À Kitwanga, nous reprenons la direction du nord par la route 37. 

Plusieurs totems des « Native Nations » sont visibles dans les petits villages.

L’église de Kitwanga et son clocher déporté.

On profite d’un vrai camping pour faire la vidange de Pti Ket. Le temps tourne à la pluie.

2ème ours

Malgré la pluie, nous faisons un détour par Stewart et Hayder, petit bout d’Alaska. On passe donc la frontière dans les 2 sens dans l’après-midi. Nous espérions y voir des ours pêcher des saumons mais ils ne se sont pas montrés.

La pluie, le rdv raté, les montagnes dans le brouillard, nous sommes déçus et humides, on repart donc vers le nord.

Bear Glacier

Un ours par jour, nous en sommes à 3, uniquement des noirs, pas encore de grizzlis.

A ce stade du voyage, nous sommes à la même latitude que Ushuaia.  Mais ici la route continue, donc nous aussi.

Un mot encore à propos des moustiques. Ils sont moins nombreux que ce que l’on craignait, sortent surtout le soir et pour le petit déjeuner mais on arrive encore à les repousser. Pour l’instant nous appliquons des méthodes qui ont fait leurs preuves. 

Méthode 1, la bonne vieille spirale qui dégage aussi une odeur de lavande, comme à la maison

Méthode 2, l’enfumage. Un bon feu de bois, plus efficace avec du bois mouillé qui fume beaucoup. Parfume les vêtements « Senteur cochon grillé ». Sur la photo, Quentin porte une chemise collection « longues manches » de chez Walmart.

Méthode 3, la moustiquaire aux portes arrière et on les regarde essayer de rentrer

Et si tout ça ne suffit, on ferme les portes et on sort la tapette….

Highway 16

Nous trouvons facilement des chouettes bivouacs, souvent au bord d’un lac, dont un grouille de têtards. 

A Smithers, nous pouvons nous réapprovisionner et prendre une douche. Un peu au nord de la ville, une randonnée devrait nous mener au pied d’un glacier. Il fait gris mais on garde espoir.

L’ascension est raide, le minuscule sentier est détrempé, envahi par les plantes dont des framboisiers que l’on partage visiblement avec un animal qui connait les bons coins.  

La vue sur les cascades et la vallée est bien dégagée. On doit passer de plus en plus d’éboulis, la pente s’accentue et le glacier a tellement reculé qu’on ne le verra que de très loin. La descente sera périlleuse à cause des pierres mouillées, des cailloux qui roulent, de la boue. 

Dans la rivière qui longe la route, les saumons sont arrivés et les pêcheurs les attrapent à l’épuisette. 

Notre premier ours

On est partagé entre l’envie de lui faire une gratouille et les consignes strictes pour éviter tout contact trop rapproché. On reste donc gentiment dans la voiture.

Barkerville

En 1858, le monde entier apprend qu’on a trouvé de l’or dans la Fraser River. La ruée vers l’or commence alors et les prospecteurs remontent le fleuve jusque dans la région Cariboo. 

Pour les loger, les nourrir et les divertir, on construit des villes entières comme Barkerville.

En 34 ans, la quantité d’or extraite dans la région équivaut à 13 milliards de dollars canadiens d’aujourd’hui.

Mais au fil des années les filons s’appauvrissent et beaucoup de mineurs sont partis vers des terres plus prospères. Barkerville continua malgré tout à prospérer jusque dans les années 1930.

En 1958, la Colombie Britannique décida d’en faire un site historique.

Aujourd’hui, grâce aux maisons rénovées ou reconstituées sur base de photos de l’époque, on peut y voir la façon dont vivaient les habitants.

Il y a même un quartier chinois avec son école et ses commerces. Ces Chinois, venus par milliers du sud de la Chine pour trouver de l’or et à qui un hommage particulier est rendu en raison des discriminations qu’ils subissaient à l’époque.