L’Alaska Highway (sud)

L’Alaska c’est fini pour de bon mais nous reprenons la fameuse Alaska Highway qui va jusqu’à Dawson Creek, au mile 0.

Premier arrêt dans la petite ville de Watson Lake, dont la renommée vient surtout de sa « Forêt de Plaques – Sign Post Forest ». En 1942, lors de la construction de la route, un ouvrier qui avait le mal du pays a cloué une plaque de son village sur un poteau. Depuis, tous les voyageurs qui passent par ici y laissent une trace, de la plaque de ville (certainement volée à la municipalité) au vieux couvercle en passant par le bout de bois gravé avec art. Il y en aurait actuellement près de 90.000.

Le premier tronçon de route se trouve dans les Rocheuses canadiennes. Magnifiques montagnes et lacs aux eaux colorées.

Question faune sauvage, nous avons eu la chance de rencontrer plusieurs spécimens. 

Nous sommes dans la région des bisons des bois (wood bisons). Les panneaux routiers nous alertent continuellement des risques de collisions mais pendant une bonne centaine de km nous devons nous contenter de constater qu’il y a effectivement pas mal de bouses de bisons au bord de la route.

Puis enfin les voilà, d’abord un seul, puis tout un troupeau dont certains membres se baladent au milieu de la highway.

Plusieurs ours noirs ont traversé en courant la route devant nous. L’un d’eux a déboulé des buissons, nous est passé sous le nez, Quentin debout sur les freins, et s’est enfuit de l’autre côté.  Au passage nous avons pu apprécier le soyeux de son pelage. Un autre s’avançait tranquillement, nous a vu, a hésité et est reparti d’où il venait.

Un grand renard roux et noir est aussi à notre tableau de chasse.

Au gré des aires de repos, nous sommes informés de l’histoire de cette route. Ce sont donc les militaires américains qui l’ont construite en 9 mois en 1942. Il fallait pouvoir amener le matériel militaire en Alaska par où les Japonais menaçaient d’attaquer.  La guerre terminée, ce sont les civils qui ont repris tout le boulot pour la consolider, installer des ponts définitifs et enfin pouvoir l’ouvrir à tous les voyageurs. Des lodges ont été ouverts tout le long et aujourd’hui c’est grâce à ceux qui sont encore en activité que nous pouvons nous réapprovisionner régulièrement en essence. Malheureusement ils ne fournissent que de la « regular », 87 de taux d’octane, ce que Pti-Ket apprécie moyennement. Nous le gavons donc avec du booster d’octane à chaque plein.

Haines – Skagway

Nous sommes revenus au Canada mais un petit bout d’Alaska nous tend les bras et on ne peut pas résister.

A Haines Junction, nous obliquons donc vers Haines. Alaska.

On croise d’abord le Kathleen Lake.

Ensuite ce sont les montagnes superbes

On traverse la frontière …. penser à changer l’heure…

Sur la rivière, ces drôles de nasses qui tournent avec le courant et ramassent les poissons

A Haines, nous prenons le ferry de 7h du matin (!) qui nous emmène en à peine 1h à Skagway, toujours en Alaska

Skagway, c’est un peu Mickey au pays des chercheurs d’or.

Nous sommes au début du chemin infernal qu’on dû emprunter les prospecteurs pour arriver à Dawson City. Ici commence le “deadhorse trail” sur lequel sont morts (aussi) des centaines de chevaux, épuisés par les charges, le froid et la faim.

Voyant tous ces hommes agglutinés au début de la piste, le gouvernement canadien y a envoyé les premières troupes de police montée pour faire régner l’ordre

Summit Lake et la frontière canadienne

Cette magnifique route se termine à Carcross, anciennement Caribou Crossing….

Ses dunes ….

Et son lac émeraude

Retour au Canada

Les derniers jours en Alaska nous réservent encore de magnifiques paysages.

Thomson Pass

Worthington Glacier

Et nous revoilà au Canada.

Nous avions déjà aperçu 2 mooses mais celui-ci accepte aimablement de se faire photographier.

Le hasard aime vraiment plaisanter car au cours de notre première journée dans le Yukon, nous retrouvons Pablo, le motard colombien, Marie et Juan qui descendent à vélo en Amérique du sud et que nous avions rencontrés à Delta Junction et les SiViaje, les Argentins de Cordoba que nous n’avions plus vus depuis Astoria en Oregon.

Quant aux températures, elles ont bien chuté depuis 3 jours. Nous sommes passés de 30 degrés à 0 après un -4 pour notre dernière nuit en Alaska.

Kluane lake

Le ferry pour Valdez

J’avais réservé notre traversée par internet en indiquant que la voiture faisait 14 pieds de long (+/- 4m). Au check-in, la fille pense qu’on s’est trompés et que 14 pieds c’est trop petit. Elle insiste pour mesurer le véhicule. Résultat, ça fait 13 pieds et on me rembourse 1 dollar trop payé.

L’heure de départ du ferry est programmée à 13h30 et nous devons arriver à 12h30 au port. Nous nous baladons sur LA rue de la ville, une fois, deux fois, un petit coup d’oeil du côté de la marina et on finit par aller manger des tacos de saumon dans un café en face de la magnifique baie.

A l’heure dite, nous sommes sur le quai d’embarquement, en plein soleil, 28 degrés.

Ce n’est qu’à 15h que nous pouvons monter à bord (les derniers!). Je veux rien dire, mais les employés du ferry de Mazatlan au Mexique étaient quand même plus efficaces !

Heureusement la traversée est superbe, entre fjords profonds, îlots boisés, montagnes et glaciers.

Nous arrivons à Valdez vers 21h, direction un bivouac à 2km de la ville, au bord du fleuve.

A peine installés, une voiture de police arrive. Mince, il va nous dire de déguerpir, surtout qu’à l’entrée du chemin il y a un panneau « no camping ». Je suis prête à lui raconter que comme le ferry avait 2h de retard, on n’avait pas trop le choix mais il s’intéresse tout de suite à la voiture, fait des photos et pose mille questions. Pour la peine, on lui montre le moteur et finalement je me fais confirmer qu’on peut rester ici sans problème. Il nous souhaite bon voyage et on peut aller se coucher, bercés par le clapotis du fleuve.

Whittier

Nous avons dû refaire une partie de la route aller pour entrer dans la vallée des glaciers qui mène à Whittier.

Nous suivons une rivière tumultueuse dans laquelle des centaines de saumons vont probablement finir leurs jours. C’est étonnant de voir le nombre d’espèces différentes qui se bousculent ici (rouge, argent, rose…). 

Nous sommes entourés de glaciers en sursis. La balade qui mène au Byron est chaque année de plus en plus longue et le glacier Portage n’est plus visible qu’en bateau.

Pendant la seconde guerre mondiale c’est l’armée américaine qui a fait de Whittier une base avancée pour acheminer du pétrole, des troupes et du matériel militaire.

Mais jusqu’en 2000, seul le train permettait d’y accéder. La difficulté résidait dans le fait qu’un tunnel avait été creusé seulement pour y poser des voies de chemin de fer. Depuis 2000, ce tunnel a été aménagé pour que les voitures puissent également l’emprunter, entre 2 passages du train.

Au bout du tunnel, le ferry pour Valdez.

La Péninsule de Kenai

Nous continuons vers le sud de l’Alaska, sur la Péninsule de Kenai, le paradis des pêcheurs qui squattent chaque lac, chaque coin de rivière.

Nous arrivons tôt dans l’après-midi à un bivouac sympa et Quentin en profite pour bricoler un circuit électrique improvisé qui permet de démarrer la voiture en touchant 2 fils au niveau du volant. On peut oublier la manivelle pour l’instant.

Ensuite nous longeons la côte qui fait face aux volcans de l’autre côté du bras de mer.

Enfin, nous arrivons à Homer, le bout de la péninsule.

Plus loin, ce sont les îles aléoutiennes. Mais là, il nous faudrait un bateau….

Anchorage

A Anchorage et dans les environs, il y a un noyau d’amateurs de vieilles voitures et la 2cv fait partie de leurs collections.

Richard et sa VW Variant, nous a organisé une petite soirée très sympa chez Axel et Nikki qui ont une 2cv baptisée Tintin. Il y a aussi Tom qui nous fera faire un tour dans sa Ford T de 1926 !

Le repas de saumon et de halibut (flétan) était arrosé au Sancerre et au Bordeau car Richard et Linda aiment voyager en France et ramener quelques bouteilles dont nous avons bien profité.

La ville rend hommage à James Cook, fameux navigateur du 18ème siècle qui a parcouru toutes les mers du monde mais n’a jamais pu trouver le passage entre le Pacifique et l’Atlantique.

Les saumons remontent en nombre les cours d’eau et les habitants vont directement chercher leur repas du soir, en self-service. 

De Delta Junction à Anchorage

Nous quittons cette petite ville sous la pluie, plein sud sur la Richardson Highway. Dommage que le ciel soit couvert car les montagnes sont magnifiques.

Nous longeons la Delta River mais aussi le fameux pipeline qui traverse l’Alaska de Prudhoe Bay à Valdez où nous serons dans quelques jours.

Achevé en 1977, il mesure 1290km. Parfois aérien ou souterrain, selon le type de sol rencontré, il est construit en zigzag pour résister aux forts changements de température mais aussi à un tremblement de terre de forte magnitude comme celui de 1964 (8,5 sur l’échelle de Richter).

Le glacier Gulkana

Ensuite, c’est direction plein ouest sur la Denali Highway, une piste de 250km qui fourmille de coins sauvages pour bivouaquer mais en ce samedi du mois d’août ils sont tous envahis par des camping-cars, motorhomes, des pick-ups avec le quad dans la benne ou tirant un plateau avec un… hélicoptère (on en a vu qu’un seul quand même !). Cerise sur le gâteau, la chasse au caribou est ouverte et ils ont tous le fusil en bandoulière. Pour la randonnée, c’est fichu.

On profite néanmoins du paysage car le soleil est revenu.

Sur le lac, un « beaver lodge, la maison des castors.

Arrivés sur la grand route qui rejoint Fairbanks à Anchorage, nous sommes dans le parc du Denali. 

Le Denali est le plus haut sommet d’Amérique du nord. A une époque, il s’appelait Mc Kinley mais les Alaskans ont préféré lui redonner son nom d’origine. Il culmine à 6194m et a été vaincu en 1913 par l’Américain Walter Harper.

La température cet après-midi a atteint les 30 degrés celsius. Vous ne trouvez pas ça chaud ? Oui, mais nous sommes en Alaska quand même !

Côté mécanique, le démarreur ne fonctionne plus qu’à froid. C’est bon le matin au départ mais une fois que le moteur est chaud, plus moyen de démarrer à la clé. Quand on doit s’arrêter, on privilégie les endroits en pente mais ça n’est pas toujours possible. Alors on sort la manivelle et les biscoteaux. Il existe aussi une alternative moins physique en faisant contact entre la borne positive du démarreur et la commande du bendix. Quentin a déjà tout démonté mais pour l’instant pas moyen de trouver l’origine de la panne. 

Nous arrivons à Anchorage pour retrouver quelques propriétaires de 2cv. 

Top-of-the-world Highway to Alaska

La route qui part de Dawson est en réalité une piste (encore!) qui serpente au sommet des montagnes.

Le petit poste frontière qui nous ramène aux Etats-Unis, dans l’état de l’Alaska, est la frontière internationale la plus septentrionale de toute l’Amérique du nord.

Les quelques villages que nous traversons sont en fait des vestiges d’anciennes stations de prospecteurs.

Chicken

Les habitants voulaient au départ baptiser leur ville du nom du volatile Ptarmigan (Lagopède) qui abondait dans le secteur, importante source de nourriture, mais n’arrivant pas à se mettre d’accord sur son orthographe, ils ont plutôt choisi Chicken.

Nous arrivons à Delta Junction, la fin de l’Alaska Highway, avant d’obliquer plein sud.

Dawson City

En 1896, 30.000 chercheurs d’or pleins d’espoirs se sont rués dans le Klondike. 

Depuis des générations, il n’y avait que des pâturages et camps de pêcheurs dans la région.  Les peuples natifs n’ont pu que subir cette invasion et en 2 ans leur habitat était transformé en une métropole « moderne ». Dès que le fleuve Yukon a commencé à dégeler en mai 1897, les bateaux à vapeur sont arrivés par centaines débarquant leurs passagers et le matériel à toute heure du jour et de la nuit. Dawson City devient alors la plus grande ville au nord de Seattle.

Ceux qui venaient par voie terrestre devaient emprunter la Chilkoot Pass (53km) avec tout leur bardas et leurs vivres, dans la neige, le blizzard et des températures inhumaines. Une loi les obligeait à emporter 1 tonne de matériel dont 300kg de nourriture (farine, sucre, haricots…) et il leur fallait au minimum 3 mois d’allers/retours avant de pouvoir commencer à prospecter.

L’extraction manuelle de l’or n’a duré que jusqu’en 1899 quand les filons les plus accessibles ont fini par être épuisés. La mécanisation a pris la suite, draguant les rivières et les fleuves à grande échelle.

Avec Michel, notre coloc motard-québécois du Gold Rush camping, nous sommes allés voir le show des girls du casino « Diamond Tooth Gerties ».

Foutu permafrost !…