L’Océan Arctique

Nous serions venus deux ans plus tôt, nous aurions dû nous arrêter à Inuvik. L’accès à Tuktoyaktuk ne se faisait que grâce à la « ice road ».

Mais depuis fin 2017, une nouvelle piste est ouverte pour ceux qui voudraient aller encore un peu plus au nord. Pour nous donc. Nous partons tôt ce matin, sous un ciel couvert mais sec. Il faut se farcir les 150 km sans interruption. Sur ce tronçon, plus « d’aire de repos » ni de bivouac possible. Il y a la piste et la toundra parsemée de lacs, c’est tout. Le revêtement ressemble à celui de la Dempster, en pire. Du gravier, de la tôle ondulée qui devient carrément des vagues car le sol meuble du permafrost fait onduler la piste. La 2cv passe ces obstacles avec souplesse mais on a quelques passages bien dynamiques. Les camions sont rares mais quand on en croise un, il nous asperge d’un cocktail de boue et de graviers.

Quelques km avant Tuktoyaktuk (Tuk pour les intimes), on aperçoit des Pingos. 

Il faut encore traverser le village pour enfin arriver au bout du bout, le point le plus septentrional de notre voyage, au bord de l’Océan Arctique. 11 mois après Ushuaia.

Les infrastructures touristiques commencent doucement à se développer, encore à petite échelle car il faut bien dire que seuls les plus « allumés » entreprennent l’expédition. Certains habitants ont flairé le filon et entendent bien détrousser le touriste en vendant des produits artisanaux hors de prix. Pourtant ils s’efforcent de transmettre leurs traditions à la jeune génération et vivent surtout de la pêche (rivière ou océan), chasse et commerce de fourrures (castor, rat musqué) et de la cueillette (plusieurs variétés de myrtilles)

A midi, nous mangeons chez Granma’s Kitchen, à l’abri dans sa véranda, un excellent poisson (pas frit !), au bord de l’Océan Arctique.

Pour le retour, pas d’autre choix que de refaire les 900km dans l’autre sens. 

Beaucoup de boue le premier jour et du brouillard le lendemain.

Prochaine étape Dawson City, avant d’aller faire un tour en Alaska.

Dempster Highway

Un peu avant Dawson City, nous obliquons vers la Dempster Highway, une piste de 734km jusqu’à Inuvik.

Ici le bidon de secours servira car entre la station du km 0 et Eagle Plains, il y a 370 km.

Nous sommes dans la toundra arctique, sur du permafrost. La piste ne voit pas passer beaucoup de monde mais doit résister au gel et dégel du sol. Elle est faite d’un mélange de terre, de cailloux et de chlorure de calcium, un liant qui évite qu’il y ait trop de poussière. Et en effet, ça roule pas mal, il y a quelques belles côtes quand même et comme il pleut par intermittences très régulières, parfois beaucoup de boue, ce qui repeint la voiture.

Quasiment à mi-distance, nous franchissons le Cercle Polaire Arctique, nous nous rapprochons du Pôle Nord 😉…

Ici, depuis le 21 juin, c’est 6 semaines sans que le soleil ne disparaisse à l’horizon. Il faut bien occulter les fenêtres pour garder notre rythme de sommeil.

Au matin du 3ème jour, nous quittons le Yukon pour entrer dans les NorthWest Territories.

Certaines portions de la piste servent de piste d’atterrissage d’urgence. Interdiction de s’arrêter…

On a failli écraser un Ptarmigan (poulette arctique) qui traversait sans regarder. Elle n’y a laissé que quelques plumes et une belle frayeur pour nous car les embardées sur cette piste glissante sont fortement déconseillées.

Oh, un Grizzli ! 

Oh, un Renard ! On le surprend en plein repas.

Nous devons prendre un bac pour traverser la Peel River et un autre sur la Mackensie River.

Après 3 jours de piste nous arrivons à Inuvik, au bout de la Demspter Highway. 

Cette ville est construite sur le permafrost c’est pourquoi il a fallu installer tout un réseau hors-sol de tuyaux faisant passer l’eau, le chauffage, les évacuations des habitations.

The « Igloo Church »

Au camping, il y a ceux qui y sont allés et ceux qui trépignent. Les avis sur l’état de la piste sont partagés, un motard n’aura pas eu la même impression qu’un Américain dans son gros 4×4 ou même qu’un cycliste (le pauvre !). Demain, c’est sûr, nous serons au bord de l’Océan Arctique!

Une douche, un poulet rôti et un soleil généreux qui ne descendra pas plus bas que l’horizon (et c’est comme ça 56 jours par an).

Whitehorse

Nous voilà donc sur l’Alaska Highway. Une route qui a été construite en 9 mois, juste après l’attaque de l’armée japonaise sur Pearl Harbour. Les Américains étaient persuadés que la menace viendrait par l’ouest et il fallait à tout prix pouvoir amener des forces militaires en Alaska.

Des km de sapins, des lacs, des rivières et pas la moindre maison entre 2 postes de ravitaillement. C’est sauvage…

Plus on s’approche du Pôle, plus les journées sont longues. On a essayé de rester éveillés jusqu’à ce qu’il fasse noir mais à chaque fois on s’endort sans savoir à quelle heure tombe la nuit. Le matin, idem, il fait déjà clair quand on ouvre un oeil vers 4h.

Whitehorse est la dernière ville où on peut vraiment s’approvisionner, communiquer, se doucher.

Direction plein nord sur la Klondike Highway, jalonnée de petits trading posts.