Las Grutas

Notre réseau de « Citroneros » fonctionne tellement bien que Rossana, du Club Mehari de Las Grutas nous attendait de pied ferme. L’accueil fut très chaleureux et incroyablement généreux. Rossana n’envisageant pas que l’on puisse faire du camping en plein hiver, met à notre disposition la maison qu’elle loue d’habitude en été. Un luxe inattendu dans notre voyage. C’est ainsi qu’on a vécu 3 jours, comme à la maison, dans cette tranquille ville de bord de mer. 

Ici les baleines ne font que passer et nous n’aurons pas encore la chance d’en voir. 

A marée basse, l’accès à la plage nous permet de découvrir les fameuses « grottes » et de profiter des cris des perroquets qui nichent ici aussi dans la falaise.

        

Nous faisons aussi connaissance de Manuel et de sa future épouse. Ils tiennent un petit hôtel sympa et, oh joie, Manuel parle anglais. Il nous sera d’un grand secours lors de la soirée qui rassemblera quelques membres du club qui souhaitaient nous rencontrer. Nous leur avons présenté un petit diaporama de notre voyage et ils ont eu droit à la visite guidée de la deuche.

    

Ils n’ont pas manqué de nous donner de bons conseils sur la route qui nous attend et de nous souhaiter un bon voyage.

La Patagonie

Après 2 contrôles sanitaires pour s’assurer que nous n’avons pas de fruits et légumes, nous voilà en Patagonie.

Faute de coin sympa pour passer la nuit à Viedma, nous décidons d’abandonner la ruta 3 et de rejoindre la côte à El Condor.

 

Mais avant d’aller plus loin, Quentin détecte du jeu dans la roue de la remorque et à Viedma il change les roulements.

Nous tombons sur un magasin qui vend du SKF et nous pouvons en racheter pour en avoir toujours en réserve.

 

 

El Condor est une petite ville balnéaire, désertée en hiver mais dont les falaises accueillent la plus grande colonie de perroquets au monde. Comme c’est marée basse, nous pouvons avancer jusqu’au pied de la falaise et apprécier leur plumage ainsi que leur ramage assourdissant. Il y aurait près de 35.000 nids. 

    

Pour changer de la ligne droite et éviter les camions, nous continuons sur « el camino de la costa », qui comme son nom l’indique, longe la côte. La jolie route goudronnée se transforme rapidement en ripio, cailloux et sable.  Elle serpente entre les hautes dunes, longe la plage, coupe à travers la pampa. On admire les dunes, qui sont de plus en plus grandes, des passages sablonneux deviennent plus fréquents, là, on est carrément dans les dunes….. et on ne passe plus.

Un pêcheur nous confirme que la piste est bloquée et qu’il faut faire demi-tour, c’est-à-dire revenir à Viedma ! Pas le choix, mais on peut varier le plaisir en prenant une autre piste tout aussi caillouteuse mais qui ne fait que 100km au lieu des 130km que l’on vient de faire. Heureusement depuis quelques temps, nous avons un bidon de 20l d’essence dans la remorque et il nous sera bien utile.

        

De retour à Viedma, on fait le plein et on repart par la ruta 3 cette fois- ci.

Très longue journée mais une belle surprise nous attendait à Las Grutas… à suivre…

La Pampa

C’est accompagnés d’une tempête de vent et de pluie que nous commençons notre traversée de la Pampa. Le vent de côté chasse violemment la pluie qui s’infiltre par les interstices de la porte de Quentin. La deuche roule en crabe, Quentin tient fermement le volant pour rester sur la route tout en épongeant l’eau qui l’éclabousse par la fenêtre (fermée, je précise). Tout à coup, la route s’offre un virage et c’est à mon tour d’écoper. Tiens, ça me rappelle quelque chose…

Ces conditions météo ne dérangent en rien les nombreux camions qui doublent à fond, nous arrosant au passage. Heureusement ça ne dure que quelques heures et arrivés à Tandil, la pluie aura cessé. Reste le vent qui nous glace mais notre petit chauffage nous permettra de passer une soirée confortable.

Tandil est une grande ville, réputée pour ses fromages et saucissons. Nous ferons le plein dans une très ancienne boutique.  

  

Nous reprenons la Ruta 3 et nous vivons une nouvelle expérience : rouler sur une route archi plate, toute droite et ne pas pouvoir passer la 4ème. La faute au vent de face. On roule à 50-60 km/h maximum. C’est encore loin Usuhaia ?

Les grandes plaines à perte de vue sont ponctuées de petites lagunes, de nombreuses vaches brunes et encore de quelques rangées d’eucalyptus.

    

Nous n’avons fait que passer par la grande banlieue de Buenos Aires, tentaculaire, sans fin mais ce fut l’occasion de rencontrer Claudio, le Président du Mehari Club d’Argentine. De cet échange très sympathique, nous repartons avec les coordonnées des membres du Club qui se trouvent sur notre route, jusqu’à Usuhaia et même au Chili. Plus rien ne peut nous arriver !

  

San Antonio de Areco

Après avoir passé le pont qui enjambe le Rio Parana de Las Palmas et sous lequel nous étions passés avec le cargo juste avant Zarate, nous nous dirigeons vers la ville qui perpétue la tradition des gauchos de la Pampa.

Nous nous installons dans le parc San Martin, au bord du rio Areco, lieux de détente des habitants. Il y a quelques stands de produits artisanaux en cuir, des saucissons et du fromage. Une gentille dame nous informe que ce soir à 21h, il y a la Peña à La Matera (lieu où se rassemblaient les gauchos pour boire le maté). Juste après le vieux pont, c’est une grande salle avec des longues tables où les habitants viennent passer la soirée et manger un bout. Par hasard, un jeune couple s’installe à notre table et il commence à nous parler français car il est d’ici mais habite à Villeurbanne !?!?. 

A 22h30, le groupe de 4 musiciens commence à jouer et tout le monde se lève pour danser des sortes de quadrilles folkloriques.

    

-> Vidéo de la Peña

Passé minuit, nous bravons le froid pour rejoindre notre bivouac et nous nous emmaillotons dans nos duvets. Ce matin, il fait 4 degrés (oui je sais,  vous vous êtes morts de chaud) mais le soleil nous réchauffe vite.

Nous parcourons les rues de cette paisible ville coloniale, ses vieux bâtiments, ses rues pavées, le chant de nombreux oiseaux.
Nous avons aussi l’occasion d’aller visiter le musée du gaucho qui retrace les origines et coutumes depuis le XVIème siècle.

      

 

    

La Ruta 14 – encore

Nous poursuivons notre route vers le sud. C’est par hasard que nous nous arrêtons pour la nuit à Curuzú Cuatí car le camping municipal de Mercedes était squatté par de nombreux fêtards.

Dans ce grand parc où des chevaux broutent l’herbe, un combi VW jaune est déjà installé avec à son bord un couple franco-argentin et leur petite fille. Ils sillonnent l’Amérique du Sud depuis un moment et nous refilent plein de conseils. Plutôt que d’aller se perdre vers Parana, Santa Fe ou Rosario qui craint un peu, nous décidons de tracer vers Buenos Aires en plusieurs étapes. L’une d’elle sera Colón un chouette petite ville avec des panaderías merveilleuses où on se gave d’empanadas, de medialunas et de pain con semillas qui change du pain caoutchouc que l’on trouve partout.

C’est ici aussi que nous porterons notre linge à la lavanderia et que nous ferons la première vidange au bord du Rio Uruguay. A ce jour, nous avons fait 4800km depuis notre départ de la maison et 3400km sur le continent américain.

 

Sur la Ruta 14, on trouve beaucoup de vendeurs d’oranges et de mandarines. C’est la pleine saison et ils les vendent par filets de minimum 5kg. Pas de soucis, elle sont délicieuses et ne coûtent pas grand chose. Il y a aussi le vent, bien de face. Mais il y a surtout les nombreux contrôles de police qui sont réputés pour leur sens de la corruption. Si on a de la chance, ils sont sur leur téléphone en train de surfer ou ils nous laissent passer en rigolant. Sinon, ils nous arrêtent, nous demandent nos papiers, veulent voir l’intérieur de la deuche, soulèvent les coffres, ouvrent la remorque et finissent pas nous demander combien on a d’argent et si on a des dollars. La stratégie est de mal comprendre ce qu’ils veulent et de ne leur donner que des copies des papiers. Mais cette fois-ci, il veulent le passeport original pour voir le tampon d’entrée dans le pays. Quand il me parle de dollars, je lui dit fermement qu’on en a pas. Quand on voit qu’ils ne savent plus trop quoi contrôler et que tout est en ordre, Quentin reprend les papiers des mains du policier, on referme tout sans attendre qu’ils nous disent que c’est ok et on repart en les laissant en plan et en leur faisant un grand sourire, Ciao !

Esteros del Iberá

Le parc Iberá a plusieurs points d’accès et nous choisissons d’emprunter la « ruta » 40 jusqu’à Colonia Carlos Pellegrini. Mais avant, il faut faire le plein à la toute dernière station avant la piste, car après il n’y aura plus rien. Pas de chance, à cette petite station il n’y a plus d’essence. Le pompiste, sympa, nous refilera 10l de sa réserve perso. Nous avions bien essayé d’acheter des bidons pour avoir une réserve mais c’est introuvable et à la place, ils suggèrent d’utiliser des bouteilles de coca… Sachant qu’on peut faire environ 300km avec notre petit réservoir de 20l, les 250 km qui s’annoncent ne devraient pas poser de problème.
On emprunte donc une piste de terre rouge qui longe rapidement une lagune, des prés inondés où pataugent des vaches et des chevaux.

        

Il faudra 3h pour faire les 140 premiers km et atteindre le village Carlos Pellegrini. Ici aucune des rues n’est goudronnée, asphaltée ou bétonnée. Ce n’est que sable et terre. Pas de réseau internet, pas de station-service mais quelques petites boutiques qui fournissent pain et alimentation de base. Nous nous installons dans un très joli camping, au bord de la lagune.
Ici les douches ne sont pas chaudes, elles sont bouillantes. C’est un feu de bois rougeoyant qui chauffe l’eau d’un ballon de 100l. Nous traversons à pieds le petit pont qui enjambe la lagune et sillonnons les sentiers mis en place pour observer la faune et la flore.

          

Des capibaras en pagaille, des cerfs des marais, des petits caïmans gris, une multitude d’oiseaux, un gros serpent dans un arbre. Il y aurait des singes hurleurs dans la forêt mais ils ne se sont pas manifestés.
Après s’être assurés auprès d’un gaucho qu’il ne pleuvra pas dans les prochains jours et donc que la piste restera praticable, nous décidons de rester dans ce petit paradis 1 jour de plus.


Pour rejoindre Mercedes, il n’y aussi que la piste. Il faut lancer la voiture pour qu’elle survole les ondulations, éviter les gros cailloux pointus, les trous mais aussi s’arrêter parce qu’un renard traverse la piste, une proie dans sa gueule, des vautours dépècent une carcasse, et puis là, une cigogne, oh un héron etc… Bref 3h pour faire les 115 km du jour, bien vibrés.